Cinéaste avant tout visuel, privilégiant la narration par l'image et capable d'accoucher d'une oeuvre aussi définitive telle que le magnifique The Fall, Tarsem Singh avait clairement perdu son monde avec ses deux précédents longs-métrages. Histoire de revenir (peut-être) sur le devant de la scène, il accepte de porter à l'écran un scénario écrit par David et Alex Pastor, réalisateurs du très recommandable Carriers.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne reste absolument rien de l'univers si atypique cher au metteur en scène de The Cell. S'effaçant totalement derrière l'histoire qu'il raconte (ce qui n'est pas une mauvaise chose en soit), Tarsem Singh se pose ici en simple exécutant, se contentant de mettre en images le script mis à sa disposition sans jamais chercher à y apposer sa patte.
Si cela fonctionnait relativement bien avec un M. Night Shyamalan sur After Earth (oui, je le trouve sympa ce film, je dois avoir des problèmes psychologiques), c'est franchement regrettable dans un cas comme celui-là, tant Self/less pourrait être shooté par n'importe quel faiseur un tant soit peu compétent et aurait sûrement gagné à se voir imprégné d'un échantillon de la personnalité de son réalisateur.
Si elle n'a donc aucune personnalité, cette relecture du paranoïaque Seconds de John Frankenheimer se laisse cependant regarder sans déplaisir, déroulant une intrigue prévisible et sans aucune surprise, mais bénéficiant d'un casting correct et d'une mise en scène carrée. Les deux heures de métrage passent plutôt vite, et si l'intrigue peine à se montrer crédible de bout en bout, elle nous replonge malgré elle en plein milieu des années 90, époque où ce genre de thriller d'anticipation pullulait sur les écrans. Ca me rendrait presque nostalgique d'un Face/off.