Rencontre avec Joe Black par RemyD
Trois heures. Martin Brest gaspille sans état d'âme 180 minutes du précieux temps d'un honnête spectateur. Comment peut-on oser s'éterniser autant avec un scénario qui tiendrait sur le plus petit des mouchoirs de poche. La Mort (Brad Pitt) se présente chez un riche industriel (Anthony Hopkins) pour l'emmener, mais elle tombe amoureuse de la fille de son client. Franchement, même Rohmer expédierait ça en 1h30.
Mais la durée inacceptable de ce piètre "Rencontre avec Joe Black" n'est malheureusement pas son seul défaut. Rarement on avait vu un film autant comparable à une tarte à la crème dégoulinant de tout ce qui favorise le cholestérol. C'est sirupeux et d'une niaiserie déconcertante. Le pire c'est qu'on y croit: on accompagne le produit d'une campagne de pub surdimensionnée, on demande aux comédiens de défendre le film sans aucune conviction, etc. On appâte le, et surtout la spectatrice, en tonnant le grand retour de Brad Pitt. Et là, on peut carrément parler de publicité mensongère, car l'ami Pitt est aussi à l'aise dans le costume de la grand faucheuse qu'un phacochère dans un tutu. On lui colle une comédienne, certes jolie, qui joue aussi mal la comédie que l'ensemble de notre Conseil Fédéral.
Et au milieu de ce gâchis, apparaît l'un des plus grand comédien du monde: Monsieur Anthony Hopkins qui parvient malgré tout à tirer son épingle de ce jeu de massacre. Cet immense acteur vient d'ailleurs d'annoncer sa retraite prématurée en lâchant amèrement qu'il pratiquait un métier ridicule ne pouvant plus rien lui apporter. Il est vrai qu'en faisant un bref flash-back sur sa filmographie de 1998, on constate, mis à part le très agréable "Masque de Zorro" qu'il est apparu dans le décevant "A couteaux tirés" où il tenait la dragée haute à un grizzli et cette erreur qu'est "Rencontre avec Joe Black".
Restent malgré tout les talents gâchés du décorateur Dante Ferreti, fidèle collaborateur de Fellini, Pasolini, Coppola et Scorsese pour lequel il créa les costumes et les décors du magnifique "Kundun" et du musicien Thomas Newman, auteur des très belles partitions de "Larry Flint", des "Liens du souvenirs" et des "Evadés".
Bref le bulletin de santé de Martin Brest, responsable pourtant du chouette "Midnight Run", mais aussi de l'abominable remake de "Parfum de femmes" est des plus alarmants.