Prenons un couple de Terriens. Nous les nommerons P et D pour les besoins de cette observation.
Ce soir, c'est à P de choisir le film. Ce sera Rencontres du troisième type. Parce que c'est bien gentil mais la dernière fois, D a choisi et ils se sont retrouvés devant Divergente... Sourire hypocrite de P pour appuyer son annonce et mine déconfite de D : ils savent très bien tous les deux que ce n'est pas le cinéma qui les a réuni sous la même couette.
Le film commence.
Sur le canapé à notre droite : P qui trépigne d'impatience.
Sur le canapé à notre gauche : D qui baille déjà.
Rencontre du premier type.
-À notre droite, P est fasciné comme à chaque fois par la mise en scène fabuleuse : ces plans larges nocturnes magnifiques, les éclairages à tomber, l'intégration formidable de la bande sonore dans la narration, l'excellente direction d'acteurs avec un Dreyfuss au sommet, cette gestion parfaite du mystère et du suspense... Et là dessus le plus beau boulot de John Williams. C'est pas rien !
-À notre gauche : "C'est un peu longuet non ?"
Rencontre du deuxième type.
-De l'émerveillement à droite. D'ailleurs, tout l'émerveillement du cinéma résumé ici en un plan : celui d'un gosse plongé sous une lumière surnaturelle dans l'encadrement d'une porte. Et puis cette sensation d'être face à une œuvre faite avec le cœur. Indéniablement, il y a du Spielberg dans ces personnages et ces moments précieux. Du chaos constant chez les Neary à la course autour du monde de Lacombe, la passion du réalisateur transpire.
-Soupir désemparé sur la gauche.
Rencontre du troisième type.
-Éblouissement sur la droite du canapé. L'orgie sensorielle finale reste un immense moment inoubliable. Et surtout, cette finalité géniale. La destruction d'une famille, l'enlèvement d'un enfant, l'obsession maladive, la fuite... tout ça pour quoi ? Pour un échange incompréhensible. Pour un simple sourire rendu entre étrangers. Ce n'est rien et pourtant c'est tout.
-Sursaut de soulagement vers la gauche. Le salut est enfin (enfin !) arrivé avec le générique.
Les conclusions à tirer de cette observation sont simples.
1) P n'aura pas de câlin ce soir. Merde !
2) D choisira le prochain film. La Légende d'Hercule que ce sera. Re merde !