Je ne suis vraiment pas partisane des romances de tous genre. Mais ce qui m'a beaucoup plu, c'est le chemin que l'histoire a du prendre pour arriver à sa conclusion.
Evidement, très vite on imagine comment ça se termine. Et pourtant, la fin reste surprenante par son orchestration appliquée, ses détours, ses feintes, qui sont autant de fleurs que l'on ajoutera au bouquet final.
Il me semble que ce film ressemble, dans mon imagination au moins, à un mix en noir et blanc et en Hongrie, entre "Orgueil et préjugés" et une caméra cachée de 1940. Quel est le rapport ? L'histoire de Jane Austen dépeint deux personnes qui se méjugent et ici il s'agit au fond de la même chose. La jeune vendeuse, Klara Novak, en vient même à ne plus pouvoir supporter son collègue, Alfred Kralik, car elle s'en fait un portrait désastreux, sans le connaitre lui, ni ses intentions, passions ou aspirations. Elle a, de plus, la naïveté amusante de croire qu'elle ne l'est pas, qu'elle a raison, qu'elle a une sorte de prince charmant au bout d'une correspondance. D'un autre côté, comme quand on regarde une caméra cachée, on attend le dénouement où les piégés se font cueillir quand tout est avoué et que l'on voit leurs réactions et leur débrief à chaud.
Ce mélange, l'ambiance d'avant Noël dans une petite boutique de maroquinerie datant d'un autre temps pour nous, les personnages très marqués qui en deviennent comiques, les espoirs d'une femme très déterminée, mais si peu sûre d'elle, et le fait que cette histoire, bien qu'un peu désuète soit encore très moderne, tout ceci donne une certaine tendresse, avec de la perspective et même parfois un peu de profondeur. Bien sur, il y a des choses à en redire, mais c'est pas le plus important, parce que ça fonctionne très bien.
Post Scriptum en coup de griffe qui n'engage que moi :
Ce qui me bluffe le plus d'ailleurs, c'est l'importance dans ce films (et dans d'autres de son genre) de ce qui pourrait figurer pour nous comme de petits enjeux sans importance. Je ne sais pas si j'arriverais à le décrire, mais ça réside un peu dans la façon dont on les voit bondir d'un état à l'autre, se réjouissant ou désespérant d'un détail, d'une circonstance, mais sans jamais apparaitre blasé, avec une sorte de dignité en façade. Rien ne semblait facile à obtenir, il y avait de grandes injustices, mais les rêves étaient tellement plus mesurés, que le bonheur paraissait pouvoir s'emporter en un coup de vent avec une feuille morte tombée d'un arbre. Même si ce n'est qu'un faux semblant sur une époque qui avait largement son lot de difficultés, ce film traduit ce sentiment, mais j'ai l'impression que désormais, dans un film de comédie romantique, il faut que les enjeux se fassent toujours plus grand, plus gros, avec des histoires d'amour qui surenchérissent d'effets de manches, de coups du destin, de rêves démesurées et d'amour à chaque seconde. Ca devient artificiel, il n'y a plus rien de touchant ou de réalisme auquel on puisse s'identifier, comme un récit que l'on aime partager. Savoir amener une histoire et la laisser se développer et s'épanouir avec des relations humaines et leurs caractéristiques propres, ne répondant pas à un script identique dont on anticipe toutes les scènes, semble maintenant une chose dont on est presque incapable. Ca en devient ni drôle, ni émotionnellement touchant ou agréable. Au mieux c'est niais et plat, au pire c'est exaspérant et/ou irritant. On peut aussi rencontrer ce genre de problèmes dans certains films d'horreur. Il y a parfois des exceptions, mais Hitchcock, avec si peu de moyens par comparaison, disait que la pire des angoisses résidait dans une porte fermée.
Loin de moi l'idée de sembler cracher de façon aigrie sur des films qui trouvent souvent leur public, mais je trouvais réconfortant de voir que parler d'amour (même à une personne comme moi) pouvait être fait différemment, agréablement, sans qu'il y ai la prétention d'autre chose.