Il y a des films qui symbolisent parfaitement leur époque, et Rendez-vous de Juillet est de ceux-là ; la jeunesse au sortir de la guerre, l'amour, la rébellion contre l'autorité parentale, les rêves, tout cela à Saint-Germain-des-Près.
Il n'y a pas vraiment d'histoires, mais des petites péripéties, dont la plus importante est celle du personnage joué par Daniel Gélin, qui cherche des subventions pour financer son voyage anthropologique en Afrique pour rencontrer des pygmées. La plupart de ses amis acceptent de partir avec lui, tout en se disant que son rêve n'est qu'une lubie. Alors, en attendant, on assiste à des histoires d'amour, des vocations qui naissent, notamment le théatre, et, ce qui les lie, danser sur du jazz dans des sous-sols la nuit.
Avec le recul du temps, le film apparait comme une fascinante radiographie de son époque, qui se cherche, entre les réalités sociales et la pression familiale, mais qui cherche en fin de compte sa voie.
D'ailleurs, Jacques Becker, amateur de la jeunesse et du jazz, a eu un casting exceptionnel ; Daniel Gélin, Brigitte Auber, Nicole Courcel (elle fut si marquée par ce film que son nom dans le film sera son nom de scène !), Maurice Ronet, Pierre Trabaud... et qui est d'une vivacité bienvenue pour un film de 1949.
D'ailleurs, le réalisateur semble lui-même jeter les intrigues qui ne lui plaisent guère (comme la recherche de financements qui se conclut hors champ) pour se concentrer sur ces jeunes, dont le langage est volontiers plus vulgaire, qui parle de sexe en-dehors du mariage ; en d'autres mots, ils veulent s'éclater.
Ce que nous montre ce film admirable, très bien filmé, et qui a été justement récompensé à sa sortie du prix Delluc, en dépit d'un semi-échec en salles. Peut-être que le public ne fut pas encore prêt à cet excès de liberté...