Disons-le tout de suite, sans craindre la polémique : comparé le Becker de Casque d’Or ou du Trou avec ce fade Rdv de juillet est une erreur. De même, y voir ce qui fera l’essence de Truffaut époque Doinel est une tromperie. Becker a été capable du meilleur comme du pire – Montparnasse 19, par exemple, faisant partie de la liste de ces derniers.
Lorsqu’on entend dire que rdv de juillet est porté par un élan libertaire, un souffle syncopé, une rythmique swinguée, difficile de ne pas rire. Le souffle au cœur de Louis Malle, lui, en demeure, un véritable exemple. Ici, rien de tel : des situations narratives ultra-stéréotypées (le fils prodigue qui s’oppose au père bourgeois dans une dualité art-humanité/travail-capitalisme bien lourde ; les actrices frivoles lorgnant sur les metteurs en scène face aux amoureux transis; les mignons au zoo déblatérant des puérilités; …) badigeonnées de courts bavardages totalement dénués d’intérêt et de dialogues vides et insignifiants (que de salutations, de prises de congé, d’applaudissements, bref de remplissage sonore cache-misère!) dits par une myriade de personnages presque tous insupportables et superficiellement présentés, le tout maladroitement porté par un faux rythme et un montage ridicule.
De plus, le scénario est inexistant, les saynètes qui souvent ne se développent pas assez s’enchaînant sans transition, bref aucun effort d’écriture digne de ce nom ne s’y trouve. Vous direz : oui, les danses folles dans ce club de jazz - avec cette musique vite insupportable - (encore une fois, loin de ce qu’a pu faire Louis Malle), oui, cette voiture amphibie qu’est-ce qu’elle est cool ! Et oui, tous ces bourgeois ils ont raison de vouloir fuir leur monde aseptisé ! Bof … tout cela suscite un ennui profond causé par un sentiment de néant et de futilité qui s’en dégage.
Une perte de temps que ces faux futurs soixante-huitards pré-bobos.