Avec son pitch accrocheur et une bande annonce assez généreuse en action, il y avait au moins de quoi se montrer curieux devant ce que pouvait proposer un film comme Renfield.
Car les tourments du familier du Comte Dracula semblait un excellent angle d'attaque pour revisiter la mythologie du personnage et essayer de le remettre au goût du jour.
Car en matière de relation toxique entre maître et esclave, une série comme Rick & Morty se posait là en piochant dans un réservoir infini de gags masochistes, d'efficacité et d'humour. Renfield aurait pu largement invoquer à son profit cette inépuisable source.
Sauf que Chris McKay et son scénariste se laissent piéger, comme beaucoup de leurs contemporains, par l'air du temps, les formules toutes faites et un soupçon de paresse.
En effet, ils ne traitent tout d'abord leur sujet principal qu'en surface, sans aucune surprise ni autre volonté d'aller au delà de ce qui était attendu. Soit un vampire avec lequel Nicolas Cage adore jouer à nouveau, comme il y a très longtemps avec Embrasse-Moi Vampire. Soit de l'humour pas toujours bien finaud, comme d'habitude. Et un supplément d'action en mode super-héros et de tripes outrées décomplexées pour assurer la partie spectacle et essayer de passer un bon moment.
S'il faut reconnaître que la générosité du massacre et le plaisir immense de voir Nicolas Fucking Cage cabotiner valent facilement un point de plus sur la note finale, Renfield n'a pas non plus d'autres ressorts sur lesquels s'appuyer, malheureusement. Même si l'on ne passe pas un moment désagréable et qu'une fois sorti de la salle, on se dit que bon gré, mal gré, le compte y était.
Car une fois passée la jubilation toute enfantine devant le démastiquage, que reste-t-il ?
Une bluette neuneue ? Une enquête à peine ébauchée ? Des empoignades parfois pas génialement filmées ?
Surtout un goût de trop peu, devant un film sympa mais sans plus, qui fait tout juste ce qu'on attend de lui par peur de se distinguer, mais qui rappelle surtout une démarche similaire de déjà dix ans d'âge, prenant sa source dans le détournement du film de zombies qui faisait fureur à l'époque.
Et ce d'autant que Nicholas Hoult était déjà de l'aventure.
Cela s'appelait Warm Bodies : Renaissance. C'était réalisé par Jonathan Levine en 2013. Sauf que à l'époque, le film s'emparait de son genre à bras le corps pour mieux le détourner et l'embrasser, pour livrer une rom com tendre et maligne. C'était original et faisait un bien fou. Cela avait aussi du coeur et c'était moins clairement opportuniste qu'en 2023, où Chris McKay se contente de convertir son mythe du film de genre à la sauce action générique, références pop culture désormais incontournables et humour trop conscient de ce qu'il voudrait provoquer pour totalement convaincre.
Mais bon, le masqué a été amusé. Un peu déçu aussi parce que le film passe à côté de son sujet, mais amusé. Tout en se rendant compte que sa propre relation avec Nicolas Cage est elle aussi parfois toxique.
Behind_the_Mask... Vampire... Vous avez dit vampire ?