« Moi j´aurais bien aimé un peu plus de tendresse Ou alors un sourire ou bien avoir le temps... »
« Moi j´aurais bien aimé un peu plus de tendresse
Ou alors un sourire ou bien avoir le temps... »
La salle était remplie lors de cette avant-première de luxe. Le réalisateur accompagné de l'éphèbe Vincent Rottiers au charisme de cloporte. Miracle ? Un enchaînement de lieux communs avalés gracieusement : la pilule de l'habitude arrive encore, malgré tout, à passer. Gilles Bourdos, d'une main de maître réussit tout de même l'exploit de gâcher son « chef-d'oeuvre » avant même son commencement, en pleurnichant sur la difficulté de fouiller dans les archives concernant les trois personnages principaux (quelle fougue, quelle passion !), en annonçant fièrement que les beaux plans émanaient des hasards de la nature (quelle humilité !)... J'en passe, car j'aurais aimé construire un Autel pour ce décapeur de poncifs.
Les yeux exorbités, l'estomac bruyant, le film commence. Mince... Chaque personnage ne posséderait-il qu'un seul trait de caractère ?
Andrée jouée par Christa Theret se révèle tantôt nymphette dépouillée de ses vêtements, tantôt nymphette dépouillée de son intellect. Un miracle cinématographique tente de percer : Mademoiselle casse une assiette, rage bien fort, puis boudeuse reprend sa place de gourgandine étaleuse de néant. Chevelure bien entretenue, peau laiteuse, très beaux tétons, c'est certain...
AU SUIVANT !
Le Jean Renoir est tout aussi complexe : il se pavane dans l’indécision (Aller à la guerre ou entretenir la jeune grue?), merci, ô merci, pour cet hommage saisissant... Mince, c'est tout ? Oui.
AU SUIVANT !
Mais alors, et Auguste ? Michel Bouquet avait toutes les capacités (sa langue qui claque dans Nuit et Brouillard...) pour jouer à merveille le peintre, s'il n'avait été piétiné par les sabots crottés de cet affreux Gilles Bourdos. Fouiller dans les archives pour faire d'Auguste un créateur sans ardeur, qui gémit et fait des blagues potaches, vivre uniquement son anéantissement physique avec l’œil humide...
AU SUIVANT !
Révélation : le jeune Thomas Doret. Jouant de manière remarquable des scènes absurdes qui n'ont aucune cohésion avec le film, mais belles, très belles. Enfin un enfant qu'on ne prend pas pour un nigaud ! Et pourtant, ces scènes doivent représenter mises bout-à-bout 20 secondes. Une envolée lyrique du réalisateur encore comprimée, ou simple hasard ? ...
Au suivant ?
D'autres acteurs fondamentaux donnent un semblant d'esthétisme: des rideaux en dentelles fines qui auraient fait pâlir les romans de Jane Austen, un soleil mordant, des arbres bien taillés.
S'il vous plaît, Père Gilles Bourdos, poussez-vous... "vous n'êtes pas vitrier", vous obscurcissez le cinéma français et mutilez Michel Bouquet... Faites-vous "cul-de-jatte ou bonne sœur ou pendu, enfin un de ces machins où [ vous ne serez] jamais plus le suivant, le suivant."