Dans les années 90, la Corée du Sud a relâché des prisonniers de guerre nord-coréens espions capturés dans les années 50/60.
Emprisonnés pendant plus de 30 ans (et même jusqu'à 44 ans pour Kim Sun-Myung, qui détient ainsi le record de la plus longue détention pour un prisonnier politique), certains d'entre eux n'ont jamais cédé à la torture et n'ont jamais accepté de vendre leur croyance politique (dans les termes du films, "se convertir" au régime du sud) au prix de leur libération.
En 1992, deux de ces prisonniers arrivent dans le village du réalisateur, Kim Dong-Won. Il décide de les filmer (ainsi que 10 autres ancien prisonniers). Plus de 12 ans de tournage s'en suivent.
Le film suit principalement le combat de ces 12 nord-coréens, aujourd'hui grand-pères, pour leur rapatriement en Corée du Nord, la patrie à laquelle ils n'ont jamais fait défaut. On découvre leur quotidien, souvent misérables (ils n'ont aucun droit en territoire sud-coréen), et surtout leur profonde humanité.
Le sujet du film offre un terreau particulièrement fécond à bon nombre de scènes très émouvantes (un converti pleurant de honte dans les bras d'un non-converti, un homme retrouvant sa mère après 30 ans...).
Orienté par un commentaire au ton hélas un peu trop pathos et monotone, le film parvient cependant à rester globalement neutre, malgré une première moitié qu'on aurait pu craindre trop pro-nord. Le film, très riche (12 ans de rushes, 2h30 de film) fait particulièrement réfléchir aux préjugés que l'on pourrait avoir sur la dualité manichéenne capitaliste/communiste dans le contexte coréen. C'est aussi un film sur la foi de ces hommes qui fut leur seul moyen et raison de survie pendant toutes ces années en prison. Un indispensable pour quiconque souhaite se pencher sur le sujet de la division en Corée.
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