Critique rédigée en février 2020


Suite à la mort de Simon dans un accident de voiture, la communauté d'une petite bourgade toujours sous le choc se retrouve frappée par l'apparition d'entités spectrales sous forme d'individus cagoulés. La famille endeuillée retrouve alors contact avec leur défunt fils, mais l'annonce de son retour jette un froid au sein de l'étroite communauté provinciale...


Occasionnelles sont les fois où je me suis levé de mon siège de cinéma lors du retentissement du générique de fin avec l'impression de m'être fait roulé par un faux-nez cinématographique... Je fais bien allusion aux films de série B parsemés de cache-misères qui se déguisent en oeuvres d'art uniques en leur genre pour contourner certaines idées reçues du film d'auteur.
Inclus dans la sélection officielle du dernier festival de Gérardmer, Répertoire des villes disparues est une petite production québécoise oscillant sur le papier entre le film d'horreur scandinave que nous livre Thomas Alfredson et le thriller surnaturel français typique de Pascal Laugier. Effectivement, au vue des premières images du film, Denis Côté (Curling, 2011) amorce un drame délicat aux puisements fantastiques, dont les énigmes animeraient l'enthousiasme du spectateur à intégrer ce cadre spatial enneigé et favorable à des images esthétiquement léchées.
Malheureusement, nos peu d'attentes se noient peu à peu au fond des landes enneigées, une fois réalisée qu'aucun comédien n'arrive à débiter son texte sans faire un pataquès au moindre sentiment et finalement qu'en une heure rien ni personne ne subit la moindre évolution.


On assiste pratiquement à une caricature du film d'auteur en langue étrangère. Je ne saurais dire quel est le plus horripilant entre le québécois surjoué, les plans qui s'éternisent sans raison apparente (ce n'est même pas la contemplation servant la vivacité et le réalisme comme chez Michael Haneke, chez qui chaque plan-séquence prend le temps d'exposer une action ou une idée) pour finalement ne rien dévoiler de l'agencement scénaristique de base,


ou encore, bien entendu, les spectres, sous-exploités et sans saveur dans leurs interventions.


Un fantastique ? Que nenni ! Ici le québécois parsème son film de questions d'ordre philosophique sur le deuil, la confusion entre naturel et surnaturel (selon les dires de Côté) et l'idée de communauté heurtée à des mystères, mais nulle part n'use de jeux de scène astucieux ou d'éléments de décors signalant une présence extraordinaire. Nous n'en retenons que les cagoules, certes inquiétantes au premier abord mais finalement plus grand-guignolesque qu'autre chose tant l'ensemble est surfait et pompeux.


La scène du flottement dans les airs sera la seule à réveiller quelque chose en nous outre l'ennui, summum du ridicule et de la prétention du métrage: la raillerie.


Donc pour conclure, les personnages manifestent leurs craintes de manière bien pépère et le film se clôt aussi obscurément qu'il s'est ouvert. De plus la mise en scène est dénudée au point de ne laisser aucun indice au spectateur assoiffé des images interprétatives, formatant le film au possible et ne le faisant guère subsister au-delà du temps d'un festival.


Répertoire des villes disparues en plus d'être authentiquement mal écrit et soporifique, est une sorte de thriller creux dont je perçois difficilement le public qui s'y reconnaîtra. Au-delà d'un décor prometteur et de quelques idées scénaristiques pertinentes de ça et là que j'aurais pu apprécier, c'est profondément prétentieux, faussement sentimentaliste et triste à mourir, tout semble calibré pour essayer de passer pour un génie. C'est limite fascinant à quel point c'est mauvais.


PS: À titre anecdotique, vous connaissez le pire dans l'histoire ?


J'ai été contraint de subir cette bouillie deux fois
:3

Créée

le 18 déc. 2020

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