Même dans ses précédents films documentaires, Gilles Perret nous offrait du bon, du très bon cinéma. Avec cette première fiction, c’est un film délicieux qu’il nous propose : une histoire forte servie par un scénario efficace, une parfaite alternance des rythmes et une équipe de comédiens d’une justesse absolue. On rit, on pleure, on empathise ! Du cinéma comme on en redemande.
Sur le fond, le propos politique du film (politique au sens le plus noble du terme) est assez jubilatoire. Notamment parce qu’il évite certains clichés ou écueils. On n’est pas dans un buddy movie où des pieds nickelés réussiraient à braquer le système grâce à la providence et à la bêtise de leurs adversaires. Cédric et ses amis sont des citoyens qui refusent de baisser la tête. Ouvrier d’un haut niveau de technicité, conseiller en clientèle bancaire qui connaît son métier, ingénieur automaticien, ils montrent qu’il est possible de résister, quitte à s’approprier les outils de leurs prédateurs. Appropriation qui passe, entre autres, par la langue, pour ne citer que cet élément : lorsqu’on les débarrasse de leur jargon inepte, les mécanismes et les outils de la finance n’ont rien de bien malin et surtout rien de mozartien.Film à ne pas manquer, Reprise en main est un film qui donne la pêche et qui a la classe. La classe ouvrière, la classe populaire, la classe citoyenne.