Quelques lignes sur "Requiem pour un massacre"

(Risque de spoilers)

Éprouvant, voilà le mot qui pour moi caractérise le mieux ce film.

Son titre original "Va et regarde" nous invite, à travers la vision d'un jeune garçon, Florya, à ouvrir les yeux sur l'abject. Nous sommes en Biélorussie pendant la seconde guerre mondiale. Nous assistons ou plutôt subissons l'épuration des habitants d'un village par les nazis. Souvent, la violence suggérée a plus d'impact que la violence graphique. Une scène en particulier illustre bien ce propos. Lorsque Florya retourne chez lui accompagné d'une amie, personne n'est là. On se sent oppressé. La présence de mouches renforce l'idée que quelque chose de proche se décompose. L'attitude du jeune garçon est déconcertante : il mange, il sourit. En sortant de la maison, son amie se retourne. Le choix du réalisateur fait qu'il nous laisse entrevoir pendant quelques secondes un amas de cadavres amassés contre le mur d'une maison. C'est un choc violent. Nous n'avons pas assisté au massacre mais le ressenti est pire. On ne lâche plus le film et son cortège d'horreurs. Nous sommes entraînés dans un véritable enfer. La cruauté et la barbarie atteignent un tel degré que l'on ressent un malaise grandissant. Il est déjà très difficile d'accepter la mort de soldats qui se combattent, mais lorsqu'il s'agit de civils, sans défense, et que l'on rassemble dans un bâtiment pour les brûler vifs, on est horrifié. Les événements qui se succèdent, le son dérangeant et omniprésent contribuent à une atmosphère anxiogène. La boue, les marais, les cadavres, la puanteur ne font que renforcer notre malaise.

Lorsque des nazis sont faits prisonniers, l'envie des résistants est grande de les brûler à leur tour. Un questionnement nous est proposé : faut-il reproduire ces actes par esprit de vengeance ? Quelle serait notre réaction ?

Plus le film avance, plus on souhaite que tout s'arrête pendant quelques minutes, juste quelques minutes, pour pouvoir reprendre nos esprits. Ce jeune garçon, témoin de toutes ces horreurs, et que l'on subit avec lui, nous bouleverse davantage. Son visage va se transformer au fil des événements pour n'être plus qu'un visage blafard, rempli d'effroi. Et l'horreur ne fait que se propager puisque plusieurs centaines d'autres villages seront aussi exterminés par les nazis.

C'est un film très difficile à regarder mais que je n'oublierai pas.