Le tout premier film et bijou de Tarantino. Tout son univers est ici exposé: violence, humour, personnages bien dessinés.
On suit ici les conséquences d'un braquage raté dans lequel étaient impliqués huit malfrats. Parmi les huit se cache un policier infiltré. Qui est donc le canard boiteux de l'opération?
La grande idée du film, et son ressors principal pour carburer au suspense, réside dans cette inversion des valeurs. Ici, l'ennemi c'est le flic. Et les "malheureux" qu'on prend plaisir à suivre sont les brigands entourloupés.
Malgré un budget réduit, et une quasi-unité de lieu, il est frappant de voir un jeune Tarantino affirmer une profession de foi. Les personnages, les dialogues, le sens du cadre. Point. Un mantra que le réalisateur tient à merveille.
Au sein d'un genre pétri d'idées reçues et de facilités éculées, le script a l'intelligence de laisser beaucoup de champ à ses personnages. Pour vivre, parler de musique, des pourboires (à laisser à discrétion ou non?). Puis pour stresser, lutter, s'écharper. 90 minutes bien serrées ou chacun aura eu son rôle dans la réussite de ce premier film.
Cela tient sans doute au fait que les acteurs sont tous en état de grâce (Harvey Keitel, Michael Madsen et Steve Buscemi sont inoubliables). Et le montage mêlant présent et flash-back, fusillades et longues séquences dialoguées (exquises), le tout agrémenté d'une BO à se damner (Blue Swede, George Baker Selection, Stealer Wheels).
Coup d'essai? Coup de maître oui.