On aime Guiraudie parce qu'il est seul, parce qu'il est seul à faire un cinéma qu'il ne devrait pas être seul à faire - celui de la poésie. Et encore une fois, il s'y tient, il fait un vrai film de poète, pasolinien et très étrange. Le film est peut être un peu raté, très inabouti, bancal et pas toujours fulgurant. Mais je ne peut m'empêcher de l'aimer. Je trouve qu'il a ici un peu de mal à sublimer ce qu'il filme, la faute à un montage parfois trop rapide qui ne parvient pas à accrocher les scènes et les idées. D'où cette impression d'un film qui aurait pu aller tellement plus loin, prenant plusieurs pistes qui parfois riment entre elles mais qui ne fonctionnent jamais vraiment ensemble. L'Inconnu du lac était sans doute plus efficace, moins radical, mais beaucoup plus gracieux. La fin est cependant magnifique, elle tranche d'ailleurs totalement avec celle du précédent, qui fermait vraiment l'univers clos du film. Là, Guiraudie filme une ouverture, comme une injonction faite pour l'avenir, à l'image de son sublime titre : rester vertical, bien droit devant les loups. Le film ne clôt rien, comme s'il venait de commencer, en forme de point d'interrogation rageur. On peut regretter ses défauts mais saluer ses fulgurances uniques de cinéma. C'est un film qu'il faut défendre, comme on doit défendre les poètes, puisque seuls eux sont aujourd'hui capables de nous ouvrir un peu les yeux. Et les yeux, on les ouvre devant Rester Vertical : ici devant la beauté d'une nuit campagnarde, là devant un accouchement en temps réel...Guiraudie ose, il s'en fout, et même si celui là n'est pas son meilleur film, son cinéma est nécessaire !

B-Lyndon
9
Écrit par

Créée

le 24 août 2016

Critique lue 1.4K fois

20 j'aime

1 commentaire

B-Lyndon

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

20
1

D'autres avis sur Rester vertical

Rester vertical
B-Lyndon
9

Droit devant les loups

On aime Guiraudie parce qu'il est seul, parce qu'il est seul à faire un cinéma qu'il ne devrait pas être seul à faire - celui de la poésie. Et encore une fois, il s'y tient, il fait un vrai film de...

le 24 août 2016

20 j'aime

1

Rester vertical
Fritz_Langueur
1

Loup y es-tu ?

En sortant de "L'inconnu du lac", je m'étais promis de surtout ne plus aller voir un film de Guiraudie, tant, je n'ai pas peur des mots, je m'étais impérialement emmerdé ! Et puis, parce que nous...

le 7 janv. 2017

19 j'aime

16

Rester vertical
mymp
2

Causse toujours

De toute notre âme, de toutes nos forces, on aimerait pouvoir défendre ce cinéma radical, fantasque et presque fou. Fou de liberté et de poésie, tranquille sur les chemins de traverse, les échappées...

Par

le 29 août 2016

16 j'aime

4

Du même critique

The Grand Budapest Hotel
B-Lyndon
4

La vie à coté.

Dès le début, on sait que l'on aura affaire à un film qui en impose esthétiquement, tant tout ce qui se trouve dans le cadre semble directement sorti du cerveau de Wes Anderson, pensé et mis en forme...

le 3 mars 2014

90 j'aime

11

A Touch of Sin
B-Lyndon
5

A Body on the Floor

Bon, c'est un très bon film, vraiment, mais absolument pas pour les raisons que la presse semble tant se régaler à louer depuis sa sortie. On vend le film comme "tarantinesque", comme "un pamphlet...

le 14 déc. 2013

80 j'aime

45

Cléo de 5 à 7
B-Lyndon
10

Marcher dans Paris

Dans l'un des plus beaux moments du film, Cléo est adossée au piano, Michel Legrand joue un air magnifique et la caméra s'approche d'elle. Elle chante, ses larmes coulent, la caméra se resserre sur...

le 23 oct. 2013

79 j'aime

7