La force de L'Inconnu du Lac, le précédent film de Guiraudie, résidait dans une cohérence globale : unité de lieu (un lac), unité de temps (un été) et trois personnages dont les relations étaient relativement limpides. A l'arrière plan, un animal mystérieux, un silure géant, véhiculant toutes sortes de croyances et offrant au film une dimension quelque peu fantastique à la marge.
On ne retrouve rien de cet équilibre dans Rester vertical, qui loin de tenir droit dans ses bottes semble plusieurs fois tanguer du fait de ses lourdeurs ou de ses incohérences.
Lourdeurs car Guiraudie donne le sentiment de vouloir parler de trop de choses en même temps : d'écologie (la question du loup), de sexualité, d'identité et de géographie. Mais voilà, il s'y perd. On passe des Cévennes au Marais poitevin et de celui-ci à la ville de Brest de façon totalement décousue. La sexualité, bien qu'abordée par un des réalisateurs les plus sexuellement incorrects du circuit y apparait aussi triste qu'elle est crue. La sexualité féminine finalement évacuée au bout d'une demi-heure en même temps que son personnage est - de mon point de vue - traitée de façon particulièrement froide et sans émotion. Quant à l'homosexualité masculine, elle procède d'une vision mortifère et sacrificielle (l'Agneau de dieu comme figure centrale) où le désir ne semble jamais avoir sa place. Le sexe y est archi présent mais quelle affaire s'il ne s'accompagne ni de désir ni de plaisir. Eros et Thanatos ? Je n'y ai vu que le second. Oui, c'est une des grandes déceptions de ce film, la chair y est triste. Triste à mourir.
Incohérences du scénario enfin : l'arrivée dans le marais, avec un fusil, du personnage à qui Léo doit rendre son travail, l'intervention de Jean-Louis et Yoan (avec un fusil !) sous le pont, les scènes avec Yoan sur l'ensemble du film, sont autant de moments qui n'ont ni queue ni tête. Comme si Guiraudie n'avait pas su quoi faire de tous ces personnages et les casait ici et là contre toute logique. De là à voir dans le personnage de Léo en dilettante incapable de bâtir un scénario correct, un double de Guiraudie s'asseyant sur l'incohérence de son histoire, il n'y a qu'un pas !
Je m'attendais à mieux, beaucoup mieux.


Scénario/histoire : 3/10
Mise en scène : 6/10
Personnages/interprétation : 5/10


4.5/10

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le 28 août 2016

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Theloma

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