*Attention, cette critique contient des spoiler et des moments clefs de l'intrigue*
Roméo et Juliette est l'une des histoires les plus connus et les plus réadaptées sur grand écran. On a eu beaucoup de variantes qui soient plus où moins pertinents. Ici nous avons une de ces versions, réalisé par le cinéaste britannique, le regretté Anthony Minghella (qui a aussi signé le Patient Anglais et le Talentueux M Ripley). Vu les prix qu'il a reçu (Oscar et Golden Globe du meilleur second rôle pour Renée Zelweger en 2004), je me demandais s'il valait le coup. Et bien à moitié ouais.
Ce film est très classique dans sa réalisation, malgré quelques scènes inspirées au début. Les scènes de combat pendant la guerre de sécession sont vraiment bien faits et on sens vraiment l'horreur de la guerre. Pendant le premier quart du film, on a un très bon montage entre les scènes de flash-back (c'est à dire pendant les moments ou Ada et Inman se sont rencontrés et aimés). Mais à partir du moment où Inman est blessé, le film change complètement. On suit l'histoire d'Inman et d'Ada en parallèle. Et c'est là que ça coince.
La réalisation à partir de cette partie est bien faite aussi, mais les scènes avec Inman (joué par Jude Law)sont plus intéressantes que celle avec Ada. Ce dernier suit un cheminement très symbolique dans son envie de retrouver Ada. En effet, il suit d'abord un collègue des armées confédérées le pasteur Veasey (joué par Philip Seymour Hoffman) dont il fait aussi partie. Ces derniers fuient aussi la guerre et sont faussement aidé par un traître Junior (joué par Giovanni Ribisi), cela lui montre qu'il essaye de fuir la guerre mais que le destin tente de le amener. Ensuite, il rencontre une vieille femme qui l'aide puis une mère célibataire, qui l'héberge bien malgré elle ; l'intervention de la vieille femme n'est pas intéressante en soit à l'inverse de la mère Sara (jouée par Nathalie Portman). Elle représente en quelque sorte la famille vers laquelle il tend, mais que la guerre rattrape encore une fois, représenté par les Yankee (ou ce trouve Cillian Murphy) et la milice. Et au moment où il arrive vers Ada en plein hivers, il arrive transformer mais son amour, même s'il est conscient qu'il est précipité, est ce qui l'a fait tenir et a fait de lui ce qu'il est.
Ada par contre a un cheminent certes peu intéressant mais aussi symbolique. Elle passe d'une femme de haute société et pianiste à fermière, puis recluse. Passé de cette vie idyllique à une autre bien moindre est assez fort. Nicole Kidman est quand même assez bouleversante et offre une interprétation assez saisissante tout le long, même si au début cela tombait dans le larmoiement inéluctable, c'est surtout la présence de Rubi (jouée par Renée Zelweger) qui relève le tout. Elle offre une interprétation incroyable de cette femme forte limite garçon manquée qui contraste vraiment. Mais elle aussi, affrontera une série de drames qui consolidera leur amitié devant l'adversité. La fin est aussi incroyable car en dépit du fait que Inman et Ada se retrouve, leur idylle sera de courte durée à cause de la milice qui encore une fois mettra un terme définitif en tuant Inman.
Mais malgré tout, pourquoi je trouve que ce film vaut le coup à moitié ? Et bien déjà, le film manque cruellement de sens du réel. Le cadre, c'est la Guerre de Sécession, mais je n'ai pas ressenti le fait que c'était durant ce conflit. Bien sûr on voit les uniformes des Conférés et des Yankees et l'histoire se passe en Caroline du Nord; mais on ne sent pas le cadre. Déjà, on ne voit pas beaucoup de personnes de couleurs. On voit bien des figurants noirs par ci par là mais bizarrement, ils n'ont pas l'air d'être oppressés ou quoi que ce soit; on voit même un confédéré noir mais ce n'est pas trop gênant (surtout que j'ai appris qu'ils auraient pu participé à l'effort de Guerre). Mais ce que je trouve incompréhensible, c'est que le sujet même de la Guerre est complètement relégué aux seconds plans. On dit que la Guerre c'est mal et que la folie des hommes seront punis par Dieu, mais par dela de ça, le sujet même de la Guerre est passé sous silence et qu'on ne sait pas quelle est la situation du pays dans le récit. Cela ne serait pas gênant au court d'une fiction, mais là on est dans un drame historique, Anthony Minghella aurait du mieux poser le cadre.
Bref, c'est un bon film de guerre et Renée Zelwegger mérite son prix. L'histoire est certes bien racontée et la réalisation intelligente, mais il est dommage que le cadre soit vraiment irréaliste et que l'histoire d'Ada ne soit pas aussi pertinente que Inman. En clair, on est plus transporté par l'Odyssée de Roméo que par la vie de Juliette au début, même si à la fin les 2 histoires sont captivantes. Et pourtant Nicole Kidman joue bien les Juliette mature (et bien mieux que dans Batman Forever !)