Un braqueur est libéré après huit ans de prison et découvre que rien de ce qu'il croyait n'est vrai.Le café que sa femme était censée tenir au Havre est fermé,et ladite épouse vit depuis sept ans dans un pavillon de banlieue parisienne avec un autre homme.Son fils et sa fille,qu'il supposait en train de faire de brillantes études,sont respectivement voleur de mobylettes et prostituée.Pour couronner le tout,ses complices du hold-up qui l'a envoyé derrière les verrous,et qu'il a refusé de dénoncer,ne veulent pas lui donner sa part du butin.Mais le gars est un teigneux impulsif,et il ne compte pas se laisser faire.Ce deuxième film de Jean-Marie Poiré,réalisé dans la foulée des "Petits câlins",est sans doute l'oeuvre la plus oubliée du cinéaste.Il abandonne la jeune garde de son opus précédent pour cette fois engager des acteurs connus et expérimentés.Mais on retrouve une bonne partie de ceux ayant travaillé sur son premier ouvrage.C'est toujours Gaumont qui produit,sous la houlette de papa Alain Poiré.La monteuse Marie-Josèphe Yoyotte reprend du service,tout comme l'assistant Rémy Duchemin,qui tentera plus tard sa chance en tant que réalisateur;sans réussite.Josiane Balasko,actrice dans "Les petits câlins",est cette fois co-scénariste,alors que Gérard Jugnot apparait de nouveau dans un petit rôle,plus étoffé cependant."Retour en force" est un film joyeusement amoral qui n'est pas sans rappeler les comédies policières de Georges Lautner,les dialogues d'Audiard en moins.Ceci dit,Poiré et Balasko ne déméritent pas et les répliques savoureuses et drôles abondent,mais Audiard c'est Audiard,et personne ne peut l'égaler.L'ensemble est bien rythmé,et les galères familiales de ce repris de justice ne sont pas si anodines car elles sont assez symptomatiques de ce qui pouvait arriver à tout un chacun à cette époque,et plus encore maintenant.Le problème,c'est que le film ne tient pas la distance et s'effondre dans sa dernière partie,précisément au moment où Adrien et son fils montent au casse.Une grosse panne de tempo survient,le burlesque perd son efficacité,et on s'aperçoit alors que beaucoup de pistes narratives et de personnages ont été négligés.Bilan mitigé donc.Heureusement,la fabuleuse distribution sauve la mise.Victor Lanoux,qui vient hélas de nous quitter,fait encore des prodiges dans un de ces rôles de brutes épaisses dont il s'était fait une spécialité et qu'il savait interpréter avec une étonnante finesse.Bernadette Lafont est horriblement sexy en ménagère pragmatique qui pratique une bigamie décomplexée.Et Pierre Mondy assure en brave type dépassé par les évènements,un emploi qu'il maîtrisait à la perfection.En outre,le film regorge de seconds couteaux possédant de vraies gueules de cinéma.Outre Jugnot,excellent en Javert au petit pied,il y a là Claude Legros,Jacques Chailleux,qui jouait déjà un taulard dans "Les valseuses" de Blier,Pierre Forget,Jean Champion,Bruno Balp,Henry Czarniak et les duettistes Bernard Musson et Roger Trapp,qui étaient bizarrement toujours engagés sur les mêmes films,à l'instar de leurs collègues Henri Attal et Dominique Zardi.Il est à noter que l'habillage sonore,d'ailleurs pas terrible,est signé William Sheller,qui s'est rarement essayé à l'exercice de la musique de film.