Film du passé qui sera présent dans ton futur

Un billet qui vaut pour l'ensemble de la trilogie.


Franchement, les Retours vers le futur ne sont pas des films parfaits dans leur genre, mais peu s'en faut.
Il faut d'abord souligner des performances d'acteurs impeccables de Michae J Fox en Marty McFly parfait de bout en bout, embarquant le spectateur à travers l’incrédulité affichée en permanence sur son visage, comme via l’énergie typiquement adolescente qu’il déploie tout au long de la trilogie (alors qu’il était dans la vingtaine bien avancée au début du tournage du premier opus et carrément dans la trentaine lors de l’épisode 2 et 3), Christopher Loyd oscillant entre le délicieusement cabotin et le pince sans rire passant du ressort comique aux moments les plus touchants, parfois en même temps en Doc Brown, Lea Thompson et Crispin Glover incarnant leurs divers avatars temporels avec fraicheur et brio et bien sûr Thomas F. Wilson qui devient à travers ce rôle une des illustrations les plus parfaites du « bully » de lycée, mais également l’un des méchants les plus connus du 7ème art (capable même de faire un portrait du vieux Biff modelé sur un Donald Trump plus vrai que nature et presque aussi inquiétant, au point qu’à l’élection de Trump on a parlé de Biff reality).
Tous trouveront dans la trilogie (voir moins pour Glover que des ambitions financières écarteront des suites) le rôle de leur vie pour lesquels une grande partie des spectateurs les connaissent encore aujourd’hui, même s'il joueront dans d'autres rôles et pour certains également marquants : je pense tout de suite au juge Doom dans Roger Rabbit pour Christopher Loyd ou à Frank Bannister pour Fox.


Retour vers le futur, c’est aussi un scénario simple et efficace à base de quiproquos parfaitement savoureux et assez osés mêlant complexe d'Oedipe bizarre et borderline mis l'air de rien comme ça dans un petit film familial et derrière lesquels sa cachent une volonté de dire que les jeunes de maintenant ou d'avant ont été, sont et resteront toujours essentiellement les mêmes, et que le discours de vieux cons que peuvent tenir certains comme quoi les jeunes c'était mieux avant vient surtout d'une forme de frustration, comme peut l’illustrer la différence de discours que la Lauren âgée peut tenir selon la trame temporelle dans laquelle elle vit : fermée lorsqu’elle est pleine de regrets et de ressentiments et ouverte lorsqu’elle est bien dans sa peau.
Le scénario du deuxième opus reste très malin et joue avec les trames temporelles et les paradoxes avec une volonté de rester amusant tout du long, notamment en revisitant le premier film. Tous ces imbroglios font que ça ne tient vraiment pas debout si on observe le film de trop près, comme n’importe quel film sur le sujet la plupart du temps.
Bien sûr il est possible de faire un film sur les voyages temporels qui ne soit pas perclus de paradoxes, mais ils faudrait se montrer dans ce cas résolument austère tel le très bon Primer, mais qui avouons-le n’est pas le film le plus rigolo du monde sauf peut-être pour les ingénieurs pointilleux.
Le scénario du troisième opus décide de jouer la carte du dépaysement en transportant son histoire au Far-West. Ce western qui ne se prend pas beaucoup au sérieux mais reste une belle occasion pour le casting de s’amuser une fois de plus à travers les multiples personnages qu’ils incarnent, est peut-être l’épisode le plus faible de la série. Il a pourtant la bonne idée de centrer son histoire sur le personnage de Doc Brown et de l’humaniser un peu plus à travers son histoire d’amour avec Clara Clayton.


Les différents opus sont remplis de dialogues truculents, aussi bien en français qu’en anglais(et il faut aussi ici souligner l’excellent travail de traduction) se renvoyant la balle par films interposés et créant un trame à coup de déjà-vu particulièrement appropriée au sujet.
Et nom de Zeus (Great Scott) ! il serait vain de commencer à les citer puisque la plupart d’entre nous les connaissent par cœur.


Il faut aussi parler de la musique d’Alan Silvestri, emblématique s'il en est, et connue du monde entier, qui rythme l’action à merveille ou de la réalisation impeccable de Zemeckis influencée par une manière classique de filmer à travers sa volonté de s’éffacer face à son sujet, qui n’est pas sans rappeler un certain Steven Spielberg (pour le coup à la production).


Les Retour vers le futur sont presque parfaits, donc, car pourtant, et c’est assez ironique pour un film dont le sujet est le voyage dans le temps, Retour vers le futur est un film complètement de son époque : aussi bien à travers la notion très reaganienne et un peu conservatrice concernant la notion de réussite (avant tout financière) ou de bonheur, entre gros 4x4, costard cravate de l’autre fils, partie de tennis embourgeoisée et Biff puni de sa méchanceté en étant devenu juste bon à être homme d’entretien; comme de la manière dont Jennifer est considérée dans le second opus: entre abandon près des poubelles ou sous un porche, personnage embarqué dans cette galère à cause d’un gag de fin du premier opus sur lequel Gale et Zemeckis ont dû surfer, devenu trop encombrant, et n’ayant aucune place dans la trame du film, et dont on doit se débarrasser, n'étant donc devenu qu’un personnage (sans)fonction sans aucune consistance; ou encore dans la manière dont Chuck Berry a pu tirer son inspiration d’un jeune blanc-bec, comme s’il en avait eu besoin.
Néanmoins, tout cela est fait sans penser à mal, plus par maladresse ou pour le plaisir d’un gag/hommage qu’autre chose et reste plutôt bon enfant.
Ne pas mentionner ces petits écueils serait ridicule, s’en offusquer à outrance le serait tout autant.


Au-delà de ces petits reproches, il faut dire que Retour vers le futur s’inscrit au sein de ces incroyables productions familiales spielbergiennes des années 80 et reste un superbe film d’aventure sans cesse amusant que l’on peut voir et revoir sans que jamais l’ennui ne pointe le bout de son nez.
En ce qui me concerne, et je suis sûr que c’est le cas de beaucoup d’autres également, le film revêt une certaine ironie voire un paradoxe (mais on n’est plus à un paradoxe près avec ce film), en ce qu’il constitue surtout un retour vers mon passé et ces moments de joies passés dans le canapé face à un vieil écran cathodique, ponctués de quelques « nom de Zeus » de bon aloi, en réponse au spectacle qui se jouait devant moi.
Il est difficile de lutter contre la nostalgie pour essayer d’atteindre une objectivité qui de toute manière n’est qu’illusoire, et ne ferait que me gâcher la fête (et je suis trop vieux pour ces conneries consistant à me gâcher le plaisir pour me donner un genre), raison pour laquelle je considère toujours la série des Retour vers le futur comme un summum du genre et que je regarderai encore de nombreuses fois en prenant comme à chaque fois, histoire de faire plaisir à Marty, mon pied.

Samu-L
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le 4 mars 2020

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Samu-L

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