Révélations est le film qui suit l’énorme Heat. Comme pour calmer le jeu, Mann nous propose un thriller médiatico-judiciaire plus en retenue. L’histoire est celle d’un des pontes de l’industrie du tabac, médecin de formation. Suite à son licenciement, il souhaite dénoncer les agissements de ces géants de la nicotine. Il va se faire épauler par un journaliste d’investigation, une forte tête qui travaille pour la plus grosse émission d’actu du pays. Pas de doute, c’est bien un thriller et la tension est palpable tout au long de ces 160 minutes. Moins de flingues mais autant de violence. Dans mon souvenir, le film était lors de sa sortie présenté comme un film dossier sur l’industrie du tabac. Mais ce n’est pas ça. C’est en fait un film sur le lobbyisme et l’influence que peuvent avoir les industriels sur les médias. Deux histoires en une donc avec d’un côté les circonvolutions de l’affaire dans les bureaux de la chaîne de télé et de l’autre les pressions individuelles exercées sur le lanceur d’alerte. Les deux fonctionnent à merveille mais ce sont surtout les conclusions sur la manipulation de l’opinion qui frappent et poussent à extrapoler la réflexion à d’autres secteur peut-être plus discrets que l’industrie du tabac. Derrière un traitement très « à l’américaine » qui rappellera Erin Brockovich sorti à peu près en même temps, on peut aisément transposer ces suspicions de collusions à la France (sur d’autres sujets). Au niveau de la mise en scène, c’est propre et nerveux. On aimera les couleurs et la lumières comme toujours chez Mann. L’interprétation est aux petits oignons. Crow est méconnaissable par son jeu et Pacino est dans un rôle certes habituel mais qu’il tient parfaitement et en finesse. En bref, un sacré morceau qui n’a pas la force visuelle des autres œuvres de Mann mais qui fonctionne très très bien.