Grave de Julie Ducournau (2016) n'a pas fait beaucoup d'entrées en France, mais il fut curieusement le chef de file de pas mal de films de genres (horreur, fantastique, voire même hybrides dans certains cas). Ainsi sortaient quelques mois plus tard Les garçons sauvages (Bertrand Mandico, 2017), La nuit a dévoré le monde (Dominique Rocher, 2018), Ghostland (Pascal Laugier, 2018), Dans la brume (Daniel Roby, 2018), Jusqu'à la garde (Xavier Legrand, 2017), Hostile (Mathieu Turi, 2017) ou encore Revenge. S'ils n'ont pas dépassé les 380 000 entrées en France, ces films ont eu un accueil beaucoup moins froid que pas mal de films de genres autrefois, voire se sont même taillés une belle réputation dans le monde à travers des festivals ou leurs sorties salles.
Comme Grave, Revenge a la particularité d'être réalisé par une femme, Coralie Fargeat. Le scénario part sur une base simple : un homme vient dans une villa dans le désert avec son amante (Kevin Janssens et Matilda Lutz). Le seul moyen de partir est d'appeler un hélicoptère. Dès lors, impossible de s'échapper véritablement de ce "coin de paradis". C'est là qu'arrive deux associés de l'homme (Vincent Colombe et Guillaume Bouchède) et que tout dérape. Contrairement aux Chiens de paille (Sam Peckinpah, 1971) ou même Irréversible (Gaspar Noé, 2002), Fargeat ne montre pas totalement le viol, ce qui n'empêche pas de dégoûter le spectateur sur le peu montré.
La réalisatrice va alors s'amuser des apparences. Les hommes étaient montrés comme sympathiques ou romantiques. Ils seront désormais violents, lâches et vivront quelques transformations. Le mec passif deviendra actif, l'amant verra sa virilité partir au fil du film jusqu'à un duel nu ; et le violeur va souffrir le plus possible jusqu'au terminus.
Il en est de même pour l'héroïne qui passera d'une jolie amante à une véritable guerrière prête à découdre. On peut s'amuser du côté survivante extrême au point de faire passer John Rambo pour un enfant de chœur (empalée, elle finit par se recoudre grâce à une plaque de métal chauffée et repart de plus belle), il n'en reste pas moins que la transformation fonctionne à l'écran, bien aidée par une Matilda Lutz convaincante.
Le jeu de massacre s'avère d'ailleurs assez jouissif, fait de sang et de souffrance. La palme à ce final changeant le lieu idyllique en véritable baignoire de sang, où l'on se chasse l'arme au poing. D'autant que les couleurs explosent à l'œil nu grâce à la photographie de Robrecht Heyvaert (le même qui s'est occupé du pétaradant Bad Boys for life). Revenge est donc un survival intéressant et bien réalisé, doublé d'un premier film réjouissant.