Apparue en 2009, la collection Sexploitation de Bach Films a proposé quelques films à l’érotisme affiché, piochés dans un catalogue français, suédois et américain compris entre la fin des années 1950 et l’achèvement de la décennie des 70’s. Dans ce catalogue hétéroclite, dont j’ai déjà extrait le charmant Cindy & Donna, La Revanche des Vierges est un des représentants les plus spécifiques.
Car La Revanche des Vierges prend place dans un cadre de western, qui voit une troupe assez disparate s’élancer à la poursuite d’un filon d’or. Autour d’un promoteur naïf et lâche sont réunis sa femme vénale, deux hommes de main malhonnêtes, deux déserteurs ou un chercheur d’or alcoolique. La morale est sauve, chacun a ses petits défauts voire de grands vices, ce qui peut entraîner leur décimation par une tribu composée uniquement de squaws, leurs hommes ayant été tués.
Que veulent-elles ? Difficile à dire, elles ne parlent pas, à part pour hululer dans un semblant de cérémonie. On peut supposer qu’elles défendent leur territoire et vengent l’honneur de leur tribu. Malgré qu’elles soient au bord de l’extinction, elles ne semblent pas s’en soucier. Le métissage pourrait être une possibilité, puisque leur chef est une femme blanche élevée dès son plus jeune âge par les Indiens. Un élément scénaristique dont le film n’en tirera aucun profit, à part celui d’avoir une tête blonde pour distinguer celle qui commande, le film étant en noir et blanc. Les autres femmes ne semblent pas être des Indiennes de souche, on voit d'ailleurs des perruques.
Le côté érotique du film résidant dans la nudité de ces indiennes, tout juste coiffée d’un pagne et de quelques ornements, la poitrine libre comme des amazones américaines. Cela reste accessoire dans le film mais pour le spectateur de l'époque cela a pu faire son effet. L’homme moderne n’y fera guère attention. On notera tout de même que malgré qu’elles aient toujours un arc et une flèche, elles ne portent même pas de carquois, ce qui en dit long sur la crédibilité du film.
D’un point de vue sociétal, le film est bien plus intéressant. En commençant par la représentation de l’indienne. Il est dit qu’elles sont des Apaches, un nom générique pour désigner des tribus résidant au sud. Au vu de leur peu d’affaires, il est évident que l’équipe n’a pas cherché à être réaliste. On ne voit d’ailleurs jamais des traces d’occupation, pas de feux, pas de tippis, rien. Le film nous offre toutefois une cérémonie rituelle assez ridicule, sans autre décor que la forêt, où les autres femmes tournent autour de leur chef en poussant des cris caricaturaux. Le préambule en voix off précise de toute façon que ces tribus sont assez primitives.
Ce préambule en voix off explique d’où vient cette tribu, pour préciser que la plupart des tribus autochtones de cette époque au sud de l’Amérique moderne ont été décimés par les Espagnols. A aucun moment la responsabilité américaine n’est évoquée. Mais d’un autre côté c’est bien cette tribu d’Indiens qui va tuer les colons avides. Elles ont beau être considérées comme primitives, présentées sans volonté de les mettre en valeur, ce sont pourtant elles qui gagneront.
Ces colons américains ont tous leurs petites faiblesses. Mais ces femmes sans parole semblent pures, inarrêtables. Le film est truffé de moments où cette fine équipe envisage de riposter, mais qui finalement se méfie plus des congénères blancs que de ces indiennes.
En lui-même, le film n’est guère fameux et au premier degré ce ne pourrait être qu’un film d’exploitation, un western saupoudré d’érotisme. Il possède certains commentaires ou aspects désobligeants, mais c’est bien la femme et l’autochtone qui survit. Certains films de série B se sont parfois montré plus progressistes que leur époque. Et au scénario on trouve le célèbre Ed Wood, qui a déjà saupoudré de ses idées quelques films dont Glen or Glenda, qui parlait de la question du genre.
Il est certain que Revenge of the virgins n’est pas un grand film, sa réalisation étant quelconque, le montage est mauvais, il fonctionne à l’économie tout le long. Seul son scénario est vaguement digne d’intérêt, avec ce groupe condamné à mort mais qui continue à alimenter les méfiances internes. Mais d’un point de vue critique, le message du film est ambigu, et autorise la réflexion.