Du cultissime Akira Kurosawa, je n'avais vu que "Rêves" et manque de pot, de tous les films de ce vénérable réalisateur, c'est celui-ci que ma copine voulait voir. J'en gardais le souvenir d'un film vaguement sur les rêves, parfois longuet mais intéressant.
A le revoir, je m'aperçois que j'ai maintenant un background bien plus conséquent niveau "culture japonaise" qui me permet de bien mieux appréhender ce film : même si ses différents segments empruntent à la mécanique des rêves (immersion dans un tableau, transitions abruptes, imagerie phantasmagoriques) il s'agit en fait de récits très japonais autour des fantômes et des yokaï : ceux qui se terrent dans la nature, ceux qui sont l'âme d'objets disparus, les apparitions fantasmagoriques en montagne ou les démons. Le parallèle avec les récits que l'on trouve dans les bds de Shigeru Mizuki est assez saisissant.
On y trouve aussi une forte thématique sur le nucléaire, au point que deux segments semblent limites se suivre, à la manière de ces rêves dans lesquels on se replonge et qui sont les mêmes sans être les mêmes. J'aime aussi l'idée que chaque segments soient un peu liés dans une sorte de récit commençant par l'enfance et se terminant par une moralité sur la vieillesse et l'acceptation de la mort. Ajouter à celà qu'il s'agit d'un des derniers films du réalisateur et il y a une impression de "bilan de vie" qui plane alors sur ce film.
Rêve se re-regarde encore assez bien malgré sa lenteur. Il est très contemplatif mais possède des images qui marquent vraiment : la danse des âmes des cerisiers, le gamin marchant seul dans la vallée, l'explosion d'un volcan complètement rouge.
Faut VRAIMENT que je finisse par voir d'autres films de Kurosawa.