Avec "Rêves", Akira Kurosawa met en scène huit de ses rêves/cauchemars sous forme de court-métrage, allant de l'âge enfant à l'âge adulte abordant plusieurs thématiques, passions ou peurs du cinéaste japonais.
C'est donc huit courts-métrages que nous présente Kurosawa, plus ou moins long et où il met en scène plusieurs de ses rêves et cauchemars. Il nous fait vivre ses peurs, celle de la guerre, du nucléaire ou de la négligence de l'environnement mais aussi ses diverses passions telles que la peinture (à l'image du court mettant en scène Van Gogh joué par Scorsese) ou d'autres thématiques telles que la nature, les traditions de son pays ou divers personnages démoniaques et féeriques. Il exprime plusieurs ressentiments à travers différentes époques de sa vie via ses rêves et cauchemars.
Alors, le problème de "Rêves" est assez récurrent aux films à sketch, à savoir 8 courts-métrages inégaux avec certains plus passionnants que d'autres. Ici, on peut regretter que le début soit moins réussi que la fin avec certains sketchs moins intéressants et surtout trop longs à l'image de "Le Tunnel" et "Le Verger aux pêchers". Néanmoins, passé un premier court-métrage (vraiment court) plutôt intriguant et réussi, le film prend vraiment tout son sens dès "Les Corbeaux" et ce fabuleux sketch où le jeune Akira pénètre dans plusieurs tableaux de Van Gogh et rencontre son idole. Les suivants et notamment ceux mettant en scène l'explosion d'une centrale, la rencontre entre Akira et un démon ainsi que le dernier sketch, sont particulièrement brillants
Dans l'ensemble, c'est une réussite malgré ce début légèrement poussif. Kurosawa nous transporte dans ses rêves de différentes manières oscillant entre moments poétiques et d'autres angoissants. Il nous plonge au plus profond de ses plus intimes pensées, et nous transmet ses doutes, pensées et peur à travers le temps, débutant lors de la Seconde Guerre mondiale. Il sait prendre son temps lorsqu'il le faut et l'univers de ses pensées est d'une grande richesse, que ce soit thématique ou visuelle, nous transportant au cœur de ses pensées à travers un très bel esthétisme (sublimées par de bien belles reconstitutions).
C'est donc entre peintures, différentes âmes, le nucléaire et ses conséquences ou encore des renards que l'on voyage, Kurosawa évoque ses peurs, espoirs, passion et rêverie de manière aussi inégale que puissante et poétique.