À mon sens, et bien que ce ne soit pas tout à fait son dernier film, une bonne synthèse à son œuvre que je me serais volontiers réservée pour la fin !
Le cinéma peut évoquer le rêve, difficilement le retranscrire, et Kurosawa l'a bien compris, c'est la raison pour laquelle il se permet – plutôt que de se concentrer sur l'aspect onirique du film – d'élargir son propos à certaines thématiques qui lui sont chères, on retrouve donc évidemment, compulsivement, obsessivement, les questions du nucléaire, de la peinture et de l'art en général, de la guerre, de la nature qu'il semble ici opposer à l'invention humaine ou encore de la mort..
Captivant de bout en bout, formellement hypnotisant, symboliquement effrayant, touchant – stricto sensu : "parlant" – (en ce sens plutôt réaliste sur l'aspect onirique, ce qui pourtant, vous en conviendrez, n'est pas chose aisée à personnifier..), notons également cette manière remarquable d'utiliser les couleurs (qui lui réussissent tout autant que le noir et blanc) et de jouer avec afin de représenter différents éléments (par exemple la radioactivité et les démons, donc le Mal, sont représentés par le rouge, la mort, elle, par le bleu, j'ai retrouvé, d'ailleurs, les maquillages morbides et horrifiques qui me fascinaient tant dans Dodes'Kaden)
La progression du Moi est également intéressante dans la mesure où elle offre à la fois au spectateur la possibilité de s'identifier au personnage (ou tout au moins de s'y attacher) et dans le même temps de s'intéresser à son évolution afin de comprendre plus aisément le paradigme kurosawien, dans l'ensemble, donc, de ses valeurs et de ses oppositions, exercice idéal qui permet d'exploiter le format sketch – qui, soit dit en passant, me plait beaucoup – dans son essence la plus profonde et finalement la plus évidente
On pourrait toutefois reprocher au film, si, à défaut de l'observer comme une pièce de synthèse on y cherchait quelques témérités que ce soit, son aspect, paradoxalement, trop synthétique ou encore son manque d’exploitation (idéologiquement, formellement c'est irréprochable)
(perso j'ai jamais rêvé que je parlais à des hommes-fruits)