Rêves de jeunesse n'est pas un énième film d'apprentissage qui se déroule en été, comme il en arrive régulièrement sur les écrans, et pas seulement d'origine française d'ailleurs. Le décor du film est particulier, celui d'une déchetterie, le dernier endroit où passer un mois d'août, comme un symbole un peu évident de ce que vit son héroïne, Salomé, en quête de renaissance après s'être délestée de tout ce qui entrave son aspiration à la liberté. Loin d'être abouti sur le plan scénaristique, Rêves de jeunesse tire parti de son manque d'unité pour exhaler un certain charme, avec des personnages singuliers et hauts en couleurs parfois qui viennent croiser la trajectoire de Salomé. Alain Raoust, réalisateur marginal jusqu'alors, injecte une bonne dose de poésie dans sa déchetterie et le paysage vallonné qui l'entoure ainsi que de la mélancolie, de l'humour et de l'exaltation (via les scènes portées par la musique). Raoust n'a pas voulu ouvertement faire un film politique mais le sous-texte est très présent, vis-à-vis d'une génération entière qui n'attend plus rien des élus de la chose publique et doit se créer ses propres rêves. Cela fait beaucoup de contenu pour un film un brin anarchique dans le traitement narratif et dont la mise en scène, à de rares exceptions près, ne brille pas outre mesure. Le film distille pourtant un parfum entêtant de rage et de spleen mêlés que l'on retrouve parfaitement dans le personnage principal, incarné avec grâce et talent par Salomé Richard.