Alors que je pensais le rater, j'ai eu la chance d'avoir une séance de « rattrapage » et je ne la regrette pas tant « Revoir Paris » s'avère une approche intelligente, sensible du traumatisme des victimes des attentats de novembre 2015 (au cœur de l'année cinéma avec la sortie « Novembre » quelques semaines plus tard).
Alice Winocour prend le temps (mais pas trop) d'installer une situation, des personnages, jouant légèrement avec nos nerfs quant au démarrage de l'attaque, presque aussi soudaine pour les spectateurs que l'héroïne. Brutale, immersive au possible, la scène nous secoue et permet de ressentir un minimum la terreur qui doit alors s'emparer de nous.
S'ensuit un beau portrait de femme, retraçant avec habileté les différentes étapes pour se reconstruire après un choc aussi violent. Où tout en évitant toute démagogie, la réalisatrice nous montre à quel point il est difficile de partager ce poids avec quelqu'un ne l'ayant pas vécu, aussi bienveillant soit-il, tout le monde n'étant pas aussi réceptif, compréhensif face à la douleur des uns et des autres, loin s'en faut.
Sans doute un peu didactique, le récit reste toutefois cohérent, notamment quant à cette « quête » quasi-impossible de Mia pour retrouver son « héros », plongée séduisante, « bleutée » dans la nuit parisienne, filmée avec beaucoup d'élégance, qui rappellerait presque les déambulations de Jeanne Moreau dans « Ascenseur pour l'échafaud ».
L'occasion de plusieurs scènes marquantes et quelques belles rencontres, personnalisées notamment par Benoît Magimel, sans que cette histoire fasse un seul instant rajoutée. Une œuvre sur la résilience, devant toutefois se faire petit à petit et chacun à sa manière afin de réparer, à défaut d'oublier. Le meilleur film de son auteur.