Révolution n’est ni un film oublié, ni un film peu apprécié : c’est carrément un film détesté. Pourquoi ? La réponse m’échappe encore. Super-production Britannique de Hugh Hudson sur l’indépendance Américaine, Révolution a complètement plombé la carrière d’Al Pacino pendant les quatre années suivantes avant Mélodie pour un Meurtre. Retour sur un échec retentissant au sein du genre historique.

Plus de 25 ans avant le 3ème volet d’Assassin’s Creed (qui s’en inspire d’ailleurs beaucoup j’ai l’impression), 15 ans avant The Patriot, Révolution planchait déjà sur l’Indépendance Américaine, mais pas que. Je craignais un peu le syndrome Gettysburg, à savoir un film se contentant platement de narrer les évènements historiques survenus, avec certes beaucoup de fidélité, mais finalement un manque assez flagrant d’enjeux dramatiques, ceux qui sont assez liés (bien que ça ne soit pas une règle générale) à la fiction. Ici, l’Indépendance orbite autour de la relation entre un père et son fils, suivant le schéma classique : le père ne s’intéresse pas à la guerre, mais elle va finir par le rattraper et lui donner des enjeux personnels pour y participer. Le film se scinde en plusieurs parties, qui ont des rythmes assez différents, et créent une sorte d’inégalité (même qualitative, je le conçois) au sein du film. Je trouve le début vraiment bien mené, bien rythmé (la forme joue aussi mais j’y reviendrais), avant une baisse de rythme puis un passage très plan-plan qui plombe tout aux 2/3. D’une certaine manière, j’apprécie que l’indépendance ne soit pas ici toute propre, joyeuse au possible, contre les méchants tyrans Anglais. Alors bien sûr, les Anglais sont bien méchants (les Red Coats, pères spirituels des SS au cinéma !), mais le conflit n’est pas « propre » comme il peut l’être dans The Patriot. Si par moments il est très intéressant de voir que le film se penche sur l’envers du décor de l’Indépendance (le peuple lésé par les puissants, les Indiens oubliés, les noirs discriminés...), on ne peut que regretter que ça ne soit qu’évoqué rapidement, au profit d’une sorte de happy-end trop prévisible. Le tout se retrouve alourdi par une narration d’Al Pacino pas si bien vue que cela, qui raccommode un peu péniblement les chapitres du film aux autres. J’ai d’ailleurs eu l’impression d’être face à un film qui devait durer originellement 3h ou quelque chose dans le genre, et qui a été coupé au montage (mais les 2h sont déjà assez longues...).

Malgré les qualités dans le fond, c’est plus l’aspect formel du film que j’ai trouvé très séduisant. Là où le genre (le film historique) appelle habituellement pas mal de spasticité, de plans fixes ou de travellings bien lents (et à tous les niveaux de cinéma, dans Barry Lyndon comme dans The Patriot), Hudson décide d’avoir une caméra épaule très mobile, et de filmer son conflit comme un guerilla. Un choix qui fonctionne. Visiblement inspiré par la caméra-épaule de Ridley Scott dans Les Duellistes à l’esthétique sobre voire parfois rugueuse, Hudson la manie plutôt bien ici, et arrive clairement à créer un sentiment de bordel au sein de cette guerre, loin des batailles rangées entre Français et Anglais. Si je me suis à plusieurs reprises posé des questions sur certains choix douteux du cadreur (des petits zooms saccadés, on ne sait pas pourquoi... alors peut-être est-ce ma version), l’action est vraiment bien captée et le découpage assez efficace de manière générale. D’autres passages dans le film sont bien plus fixes, bien plus posés... Si je vois où Hudson a voulu en venir, je ne les trouve pas nécessairement super efficaces. Bon cela dit, ça reste assez sauvé par une composition des cadres vraiment très soignée la plupart du temps, et une direction photo assez agréable, j’irais même jusqu’à dire parfois très belle. Je reste un brin perplexe en revanche entre les transitions entre certaines séquences, des fondus et des ellipses un peu maladroites (mais c’est aussi en rapport avec l’écriture).

Visiblement il aurait raflé aux Razzie Awards pire film, pire réalisateur, pire acteur et pire musique. Voilà qui semble un tantinet exagéré dans la mesure où Pacino est vraiment bon, et comme à l’accoutumée nous sort son acting venu du fin-fond de ses tripes, et où la musique est dans l’ensemble correcte, malgré quelques passages un peu légers. Pas mauvais pour autant.

De l’incompréhension. C’est néanmoins ce qui ressort du visionnage de Révolution par rapport aux critiques. Pourquoi un tel acharnement ? Dans le pire des cas, je pourrais être prêt à concéder que le film est « moyen »... Mais catastrophique, non, enfin, sincèrement je ne le pense pas. Malgré sa ribambelle de défauts, Révolution a des qualités qui font de lui un film historique assez agréable.
ltschaffer
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le 11 nov. 2012

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Lt Schaffer

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