Des silhouettes , des corps se croisent , parfois se ratent , souvent se séparent. Ces rencontres provoquent de la tendresse , une tendresse presque stérile rapidement effacée par les personnages , jamais vraiment à leur place tel des électrons libres.
La préquelle d’une révolution qui se prépare. Les tensions sont perceptibles. Le peuple à peur , mais il n’en peut plus. La haine grandit mais qui est vraiment prêt à déclarer une guerre contre l’État ? Dans un contexte qui précède tous les événements de révolte au Moyen-Orient , nous suivons un journaliste algérien , Ibn Battutâ et une femme palestinienne Nahla , fille d’exilés politiques. Tout deux décident de partir à travers le Moyen-Orient pour trouver des réponses , pour avancer et grandir. Évidemment , les deux êtres sont destinés à se croiser. Le journaliste enquête sur la révolte d’une communauté , les Zendj , vieille de plus de onze siècles. Nahla de son côté part à la recherche de ses origines et également une façon de militer pour son peuple.
L’évolution du film semble nous mener plus vers une quête philosophique , peut être spirituelle , que vers une véritable quête humaine. Par son esthétique particulière , les couleurs , les espaces dans lequel le spectateur se perd et identifie une sorte de familiarité qu’il ne comprend pas forcément. Tout au long du film les personnages ne semblent pas véritablement trouver de réponses à leurs questions. Le spectateur lui non plus ne les trouve pas. Révolution Zendj ainsi que les précédents films de Tariq Teguia semblent se diriger vers une quête cinématographique du cinéaste , pour l’instant inachevée , dans une évolution constante.
Un paradoxe existe entre le fait qu’il s’agisse d’un film qui se revendique « anti-intellectuel » alors qu’il faut pourtant une connaissance historique et culturelle , au moins approximative , du contexte au Moyen-Orient pour espérer comprendre un petit quelque chose. De plus une sorte d’ « anti-américanisme » un peu maladroit intègre le film avec trop peu de finesse pour réellement être pertinente. En effet , l’humour un peu gras du vieux George , sa mallette remplie de dollars et son « fucking business » devient rapidement lassant.
Le spectateur est rapidement perdu par la multitude de lieux , de personnages qui restent très peu identifiés même en ce qui concerne les deux principaux : le journaliste et la jeune Palestinienne. De plus , l’histoire est particulière , non-linéaire et sans réels repères de direction ou de buts des personnages qui semblent se perdre en cherchant leur chemin. L’immersion entière dans le film est difficile à atteindre. Il faut en fait se laisser aller et prendre à l’avance ses dispositions pour entrer dans ce dernier , à la fois complexe à suivre dans sa narration alambiquée et dans des plans souvent limite contemplatifs et gratuits.
Toutefois , même s’il est parfois difficile de rester dedans , certains plans , certaines images et certaines couleurs valent vraiment le détour et montre un univers plus qu’exotique , quasiment onirique.
La fin de Révolution Zendj nous laisse sur un ton rouge , le rouge du sang , de la rage du peuple qui vient d’éclore , le rouge du tout premier Printemps arabe et de la révolution.