Revolver est un film qui a fait beaucoup parler de lui à sa sortie en 2004, pour finalement tomber dans une forme d'oubli collectif. Sacqué par la critique et boudé par les fans de la première heure de Guy Ritchie (qui avait déjà pas mal écorné son image avec le désastre d'A la dérive), ce film raconte les aventures de Jake Green, un arnaqueur professionnel qui rêve de se venger de Dorothy Macha, patron de casino et malfrat de grande envergure à qui il doit sept ans de prison. Mais les enjeux vont subitement changer lorsque les deux hommes vont se retrouver confrontés à un invisible mais impitoyable adversaire, le mystérieux Sam Gold...
Le moins que l'on puisse dire est que ce film est une oeuvre déroutante. Soutenu par un scénario ultra-complexe, mélange assez subtil de films de gangsters et d'arnaques et de thriller psychologique, Revolver est sans aucun doute le film le plus "auteur" de Guy Ritchie. Est-ce pour autant un mauvais film ? La réponse est non.
Le film est porté par un casting de choc : Jason Statham et sa chevelure noire et soyeuse se glisse avec brio dans la peau de Jake Green, nous prouvant qu'il sait faire autre chose que de cogner tous azimuts. Quant à Ray Liotta, il interprète le mafieux Macha de façon très convaincante, livrant une prestation toute en finesse. Mais mon coup de coeur reste Mark Strong, parfait dans le rôle de Sorter, tueur à gages coincé et vieux-jeu.
Le film peut également se vanter d'afficher l'une des plus belles photographies qu'il m'ait été donné de voir, créant en l'espace de dix minutes une identité visuelle forte. Le film adopte également une esthétique bande-dessinée très appréciable, à grands renforts de ralentis, d'incrustations presque dessinées à la main et d'éclairages en clair-obscur qui donne l'impression que les personnages sont contourés au crayon.
Mais c'est finalement dans sa forme scénaristique que l'expérience Revolver prend tout son sens. L'histoire est riche en rebondissements et fait preuve d'une grande originalité. Régulièrement dans le film, des citations célèbres, faisant écho au métier d'arnaqueur de Jake, viennent ponctuer l'action. Ce que certains auront sans aucun doute considéré comme superflu et agaçant est en fait une idée lumineuse, car le spectateur se retrouve dans la même position que Jake, à se répéter encore et encore les ficelles de son art, les "trucs" qu'il utilise pour tromper, voler, dissimuler. De plus, ces citations peuvent aider à comprendre la clé de l'intrigue, et je vous l'assure : vous ne verrez rien venir.
Au final, Revolver n'a rien de l'oeuvre prétentieuse et idiote qu'on l'accuse d'être, mais constitue au contraire un film très intelligent, peut-être même un peu trop, qui mérite au moins deux visionnages pour prendre tout son sens dans l'esprit du spectateur. Que vous aimiez ou que vous haïssiez ce film, il ne vous laissera pas indifférent. Car, pour paraphraser à ma manière la citation de Jules César présente dans Revolver : le plus grand film se cache là où on ne l'attend pas.