Fort du succès commercial de son Paulette (que je n'ai pas encore vu), le réalisateur Jérôme Enrico revient avec Cerise, l'histoire d'une adolescente à problèmes, en conflit permanent avec sa mère et qui va se retrouver en Ukraine chez son père Fred, qui est pour ainsi dire loin d'être un parent exemplaire. La jeune fille se retrouve donc plongée dans un nouveau pays, une nouvelle culture et elle va devoir s'y faire.
Je pense sincèrement ne jamais avoir autant désiré un générique de fin ! Le scénario est loin d'être captivant, il accumule les poncifs et les clichés pour finalement sombrer dans le ridicule avec cette histoire de mafia, qui arrive comme un cheveu sur la soupe et qui servira de climax au film. La mise en scène est loin de rattraper le tir, plombée par une caméra beaucoup trop proche des personnages et qui crée un cadre très vite étouffant, sans parler de quelques effets de styles superflus.
La caractérisation des personnages quant à elle, se limite très souvent à l'équivalent d'un quart de post-it. Ainsi, le personnage de Cerise se limite aux textos bourrés de fautes qu'elle envoie à ses copines, au fait qu'elle est insolente et qu'elle traite tout le monde de "boloss" et de "petit bâtard". Pour un personnage qui est au centre de 98% des plans du films et sur qui repose le récit, vous constaterez volontiers que ça la fout mal...
Mais ce n'est malheureusement pas tout ! Le plus gros défaut du film est au final sa maladresse d'écriture. Ainsi, le fait que Cerise soit fan d'un chanteur de boys band interchangeable la rapproche de son époque, marquée par un retour en force de ce phénomène, mais lorsque que cela revient cinq fois, et toujours de la même façon, ça devient vite agaçant. De même, le comportement de Cerise est souvent loin d'être justifié, et son attitude détachée et insolente la rend souvent détestable, le scénario ne développant pas assez (voire pas du tout) les problèmes existentiels qui la font souffrir. Et lorsque Fred lui assène finalement la seule baffe qu'elle prendra de tout le film, le spectateur est de son côté à lui, tant Cerise peut être antipathique, et ce malgré le jeu convaincant de la prometteuse Zoë Adjani. Et ce n'est pas le pire, car le film prend tout simplement ses personnages de haut, tout spécialement les grands-mères ukrainiennes, qui sont montrées comme des soiffardes, nostalgiques de l'URSS et adeptes de sciences occultes (oui, oui). Un regard qui m'a personnellement indigné et qui me reste en travers de la gorge.
Au final, le film rate le coche et c'est bien dommage, quand on imagine deux secondes ce que cela aurait pu donner si le travail d'écriture avait été meilleur. Et je terminerais en adressant au film un dernier reproche : celui de traiter son sujet en surface, car il est clair que les scénaristes n'ont pas cherché à comprendre la jeunesse, ne retranscrivant dans leur histoire que son apparence la plus simpliste, sans aucune forme de complexité. Le film a clairement un train de retard sur une jeunesse en constante évolution (le fait que Cerise s'exprime dans le langage SMS d'il y a dix ans peut sembler anecdotique, mais cela montre bien un manque cruel de recherches approfondies) et cela lui donne l'image d'un film moqueur envers les générations futures. Et j'espère sincèrement que c'est involontaire...