Dès l'introduction, j'avoue avoir eu très peur. J'adore le personnage de Jack Sparrow - enfin, surtout la découverte de ce personnage totalement fantasque et décalé dans la franchise initiée par Gore Verbinski. Je n'ai rien contre Johnny Depp, bien au contraire. Sauf quand il s'échine à nous ressortir les mêmes mimiques, encore et toujours. Et dès les premières minutes du film, j'ai eu l'impression qu'il allait nous refaire le même numéro. Heureusement, cela ne dure pas, et ses apparitions suivantes confirmeront qu'il est tout à fait capable de se détacher de l'un de ses personnages cultes.
The Rum Diary, c'est avant tout l'adaptation d'une nouvelle de Hunter S.Thompson, dont le manuscrit fut découvert après moult années de manière assez ironique...par Johnny Depp himself ! Ce dernier séjournait chez Thompson durant le tournage de Las Vegas Parano, de Terry Gilliam (adapté lui aussi de l'auteur) et serait plus ou moins accidentellement tombé dessus. Dans le film de Bruce Robinson, on suit Paul Kemp, journaliste fraîchement (façon de parler...) arrivé à Porto Rico pour travailler au sein du San Juan Star, un journal local mené par Lotterman (Richard Jenkins - l'excellent Fischer Sr de Six Feet Under, très bon ici aussi). Outre une consommation vertigineuse du breuvage local (le rhum, donc), notre héros va rapidement cesser d'être un simple touriste et faire la connaissance de Sanderson (Aaron Eckhart - sobre et sans éclat), ainsi que celle de Chenault, sa compagne (Amber Heard - kikitoudur). S'ensuivront des mésaventures et quelques rebondissements, Paul Kemp, le Dom Juan devenu ennemi public numéro un, n'est pas au bout de ses surprises, et sera accompagné de son acolyte Sala (Michael Rispoli, bien en place et complémentaire). Surprises dont je vous laisse le plaisir de la découverte.
Rien d'abracadabrantesque toutefois, à l'image de la réalisation, très propre et académique. On ne peut pas dire que Robinson a de l'or dans les mains, une chance qu'il ait l'atout "Edward aux mains d'argent" dans son jeu. Le tout se laisse donc suivre sans déplaisir. On ne comprend pas toujours certains choix, certaines scènes, pas forcément utiles. Le récit sera émaillé de longueurs, The Rum Diary fait bien ses deux heures après tout, cela dit l'histoire avance tranquillement. Depp, moins "tonto" qu'il n'y parait, capte l'attention et nous sort des griffes de l'ennui. Le contexte des 60's rend les choses intéressantes, entre conflits sociaux, magouilles et politique. Le cadre paradisiaque caribéen cache bien son lot d'infamies. Et puis c'est toujours sympa de revoir des trognes télévisuelles connues, Amaury Nolasco et Giovanni Ribisi en tête. Et de baver devant la plastique d'Amber Heard, que Johnny Depp a la chance de pouvoir admirer de près depuis ce tournage.
Ce Rhum Express est un divertissement léger et sobre dont on pardonnera (ou pas) la relative mollesse (je ne pensais d'ailleurs pas que quelque chose pouvait rester mou en présence d'Amber...ouh là je m'égare !). Le film de Ro(m)binson n'est pas uniquement réservé aux amateurs de Trois Rivières. A défaut d'avoir lu la nouvelle de Thompson, il est donc à goûter une fois et à savourer avec modération.