Quand on confie à un yes man hollywoodien un des premiers romans (manière diplomate de dire que ce n'est pas son meilleur, mais qu'il n'est pas mal du tout quand même) du maître Gonzo, on obtient ce long-métrage de deux heures chiant et douloureux comme une vasectomie.
Relecture façon Mon Petit Poney de l'oeuvre de Thompson, Rhum(e) Express, le film, est au livre ce que Iago est à ce cher Othello, au mieux un sérieux malentendu, au pire un bon gros coup de couteau dans le dos. Tout y est inoffensif, lisse, sans saveur. Robinson passe à côté de l'essence-même de la contre-culture Gonzo et accouche d'une petite balade touristique consensuelle dans Porto Rico, totalement à côté de la plaque face à la subversion de l'oeuvre originale ; une manière de démontrer, si besoin était, que pour adapter un romancier taré, il faut un réalisateur au moins tout aussi taré.
Le rythme du film est affreusement mou, la mise en scène plate au possible, les enjeux inexistants. La plupart des scènes sont coupées dès lors qu'elles commencent à devenir intéressantes, et le tout ressemble à un catalogue de voyage Nouvelles Frontières. Pourtant le métrage est parsemé de plans vraiment sympas, mais noyés dans la masse ils peinent à se démarquer. Qu'est-ce qu'il reste au film ? Pas grand-chose malheureusement, en-dehors d'une photo pas trop dégueulasse et de personnages plutôt charismatiques (et encore, pour la plupart pas exploités à leur juste valeur, au profit d'un Johnny Depp pas vraiment enthousiasmant).
Allez, on va être gentil, on va mettre un point pour Amber Heard (DAT ASS), un petit pour Aaron Eckhart (DAT ASS), et enfin deux autres pour Michael Rispoli et Giovanni Ribisi (tout simplement énorme, malgré un personnage affreusement édulcoré), mais le film n'a pas grand-chose de plus à faire valoir, dommage.