Une grande amitié unit depuis 40 ans Barbet Schroeder au peintre d'origine argentine, Ricardo Cavallo, installé en France depuis 1976 et dans le Finistère, à Saint-Jean-le-Doigt, depuis 20 ans. Le cinéaste s'était promis de lui consacrer un documentaire et il l'a enfin pu le faire, avec de longues heures de tournage, avant un travail titanesque de montage (100 heures de rushes). C'est le film d'un créateur sur un autre créateur, un artiste qui s'est consacré corps et âme à son œuvre, lui que l'on pourrait définir comme un ascète, se nourrissant principalement de riz et de fruits. Ricardo et la peinture, loin d'être un reportage lambda sur un peintre, nous immerge totalement dans son quotidien, au milieu des rochers de Bretagne, tout en l'écoutant s'exprimer sur son art de vivre, en pleine nature, et sur ses émotions passées et sans cesse renouvelées, devant les toiles du Caravage, de Monet et surtout de Vélasquez, dont il détaille avec passion quelques uns des tableaux les plus représentatifs. Le film doit beaucoup à la formidable loquacité de son personnage central mais Schroeder nous invite également à une célébration de l'amitié entre ces deux hommes, qui passe par le regard presque enamouré du cinéaste. On est bien loin de la trilogie du mal qui a notamment marqué la carrière du réalisateur de Général Idi Amin Dada. Un Ricardo, sinon rien !