Jonathan Demme sentait-il que Ricki and the flash serait son dernier film ? Il y a quelque chose de l'ordre de boucler la boucle avec ce qui correspond à ses premiers amours, à savoir filmer la musique. Il avait réalisé plusieurs clips, pour New Order ou Bruce Springsteen, et des documentaires, dont le très fameux Stop Making Sense. Ici, il répond à une commande d'après un scénario de Diablo Cody, dont on peut redouter l'aspect moral, et c'est malheureusement le cas ici.
Meryl Streep incarne une mère de famille qui a tout plaqué vingt ans plus tôt, mari et enfants, pour vivre son rêve, à savoir chanteuse de rock. Mais ça ne marche pas tant que ça, et après un seul album, elle doit survivre en étant caissière dans un supermarché. Elle fait à nouveau son apparition dans sa famille, où elle n'est pas en odeur de sainteté ; sa fille est en pleine dépression après son divorce, son fils va se marier, et l'autre lui annonce qu'il est homosexuel.
Bien entendu, si on voit ce film, c'est avant tout pour Meryl Streep, dont on sait qu'elle a tous les talents, mais elle en ajoute un autre à son arc, à savoir jouer de la guitare. Elle avait déjà chanté dans The last show ou Mamma Mia, mais elle a quelque chose d'accompli avec ce rôle, où elle compose de très belles reprises des Stones, de U2 ou Lady Gaga. Mais sous ses airs de rock star dans des minuscules cabarets, se cache quelqu'un de plus moral ; elle parait offusquée quand son fils lui fait son coming-out, et on apprend qu'elle est conservatrice au point d'avoir voté pour George Bush.
On voit que Jonathan Demme sait très bien filmer ces scènes musicales, laissant aussi la place à l'autre guitariste, au bassiste (qui est décédé peu après, le film lui sera dédié), et c'est ce qui constitue le sel du film, qui se voit avec plaisir.
Car il y a ces scènes familiales que j'apprécie moins, bien qu'il y ait de beaux moments avec Mamie Gummer, qui incarne la fille de Meryl Streep (ce qu'elle est vraiment dans la vie), laissant le pauvre Kevin Kline sur la touche. Et, comme je le disais en préambule, il y a ce côté moral qu'on voit dans les autres scénarios de Diablo Cody, où tout finit bien, dans une bonne chanson.
Ceci dit, le film ne restera pas dans les sommets de Jonathan Demme (Philadelphia), mais se laisse voir pour l'énergie contagieuse de Streep.