Sacha Baron Cohen est en roue libre, il démarre son bolide directement en quatrième et nous surprend (stupéfait) à être - à notre humble avis - le véritable premier rôle du film. Ce qui est assez constant dans les productions de Adam McKay qui ont pour vedette Ron Burgun...pardon, Will Ferrell, c'est l'amabilité de laisser les seconds rôles exister autant que le premier, leur déroulant le tapis pour des compétitions amicales de jeux d'acteurs qui s'éclatent : toute la bande (et notamment Steve Carell) dans les Ron Burgundy, John C. Reilly dans Frangins malgré eux, et maintenant Sacha Baron Cohen dans ce Ricky Bobby, roi du circuit qui doit beaucoup à sa caricature du Français (à écouter absolument en VO, pour l'entendre écorcher chaque syllabe de ses répliques, qu'elles soient en français ou en anglais : un prodige, on vous dit). On l'adore tellement qu'on n'arrive pas à le détester, d'autant plus que le scénario est assez malin pour lui prêter un esprit sportif (très fairplay) et une liberté de vivre que l'Américain lui envie parfois, Ricky Bobby étant également une caricature du bon Américain gavé à la surconsommation, à la religion de façade (on prie au repas, on va s'asseoir le dimanche sur les bancs du curé, et on peut faire tous les excès qu'on veut les six autres jours) et à l'ego démesuré. Ricky Bobby, sous ses airs de grosse comédie qui tache, se révèle plus fine, oppose deux cultures par leurs portraits déformés, y saupoudre une histoire de potes qui est très prévisible (l'aspect faible du scénario), et nous régale par son final très fairplay (encore). Et si vous n'êtes pas convaincu par tout ça, on abat notre dernière carte : Will Ferrell qui court en slip, avec les mécanos du stand qui essaient de l'attraper. Une des meilleures vannes du film, sans compter chaque réplique délicieusement massacrée par Sacha Baron Cohen.

Aude_L
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le 23 avr. 2023

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