Netflix qui propose un Thelma et Louise sauce lesbo-japonaise ! Et pourquoi pas ! Euh, en fait, non ! Mieux vaut voir ou revoir le Ridley Scott à la place de cette purge !
Rei est une lesbienne qui ne s'en cache nullement, qui a réussi professionnellement sa vie, qui a une petite amie. Paf, un jour, Nanae, une fille dont elle était amoureuse, qu'elle n'a pas vue depuis dix ans, l'appelle du jour au lendemain pour qu'elles se rencontrent. Là, Nanae lui dit que son mari la bat et que ce serait bien qu'elle, Nanae, le fasse passer de vie à trépas. Que fait Rei ?
Réponse A : elle lui dit que même si la police est loin d'être formidable dans le pays pour ce qui est de la protection des femmes, elle devrait immédiatement porter plainte et demander le divorce et que d'ici-là elle-même va s'arranger en profitant de ses relations de fille de riches, ayant réussi à maintenir une vie de riche, pour lui assurer le plus efficacement possible une protection.
Réponse B : ouais, tout de suite, j'enfile une robe de soirée bien sexy, je le drague devant témoins dans une boîte de nuit, je me fais amener chez lui devant témoins pendant que tu es absente et dans une scène de sexe totalement gratuite, au lieu de le buter immédiatement une fois dans son appartement, je lui plante un objet tranchant dans la carotide pour avoir une séquence inutilement bien gore durant le coït.
Petit indice, c'est la réponse la plus conne qui gagne.
Que ce soit bien clair, je ne me moque pas de la situation de femme battue d'une des protagonistes. C'est une chose horrible, abominable, atroce. Non, ce dont je me moque, c'est de la complète incohérence du truc.
Pour ce qui est des violences conjugales, cela aurait dû donner un postulat d'une très grande force et d'une grande crédibilité si, par exemple, Rei avait tué le bonhomme alors qu'il était en train de s'en prendre à Nanae. Ou si Rei, au lieu de ne pas l'avoir vue pendant dix ans, l'avait côtoyée friendzonée pendant tout ce temps, en a sa claque de voir son amie battue et décide d'agir. Ou si c'est Nanae qui tue son mari dans un état de légitime défense et demande ensuite de l'aide à Rei qu'elle n'a pas vue depuis une décennie parce qu'elle ne sait pas à qui d'autre s'adresser.
Voilà trois idées de départ psychologiquement plus crédibles que le machin proposé.
Bon, la suite va être mieux ? Euh non...
Pendant son agonie bien gore, le mari a eu le temps et la force de faire en sorte que Nanae soit blessée par du verre, cela n'aura aucune incidence par la suite, juste du gore gratuit supplémentaire. Les deux femmes se retrouvent ensuite. Nanae paraît tout à fait propre. Ce qui n'empêche pas de la voir après prendre une douche, pour faire encore une fois dans la nudité bien gratuite mélangée à du gore bien gratuit, pour enlever tout le sang qu'elle a sur elle.
Si j'écris tout cela, c'est pour bien montrer que ce film est débile, avec un scénario (oui, je sais que c'est adapté d'un manga et, par contre, je ne sais pas si celui-ci est aussi con que le film ; à vrai dire, je m'en branle !), abordant pourtant un sujet fort, débile.
Pour le reste, je vais la faire courte. Quitte à aller plus loin dans la stupidité, les protagonistes deviennent fugitives sans nullement changer leur apparence. Rei (sans s’appesantir sur le fait qu'être une métisse aux cheveux rouges d'une grande taille n'aide pas à passer inaperçue au Japon !) garde même pendant un moment sa robe de soirée.
Mais le pompon est, sans aucun doute, remporté haut la main par la police. Une police qui ne fout rien. Rei peut appeler son ancienne petite amie (oui, parce qu'à un moment, le film s'est dit "merde, on a oublié que l'autre avait une petite amie au début" !) sans que la ligne ait été mise sur surveillance, elle peut retourner avec sa compagne sur les lieux de leur enfance sans que les flics ne l'aient nullement prévu, elles peuvent aussi sans problème rester longtemps au même endroit sans être reconnues. Oui, les médias, Internet, par lequel l'information circule à la vitesse de la lumière, n'existent pas dans le monde de ce film.
Heureusement que Rei se dénonce à la fin, sinon elles auraient pu continuer à voyager dans le pays pendant 100 ans sans difficulté.
Pour abréger, les deux actrices sont en plus mauvaises (et accessoirement, il n'y a aucune alchimie entre elles !). Stoïques quand elles sont censées dégager de l'émotion, avec des éruptions d'excès sans véritable raison valable à quelques moments. Elles ne sont en rien aidées, il est vrai, par des dialogues qui donnent souvent plus l'impression d'expliquer les situations qu'autre chose.
Bref, pour la faire enfin courte, ne perdez pas votre temps avec cette merde (en plus, elle dure la bagatelle de pratiquement deux heures et demie !).