Se perdre dans les nuages

Sympathique ce petit film belge mais je reste hélas un peu sur ma faim.
C'est pourtant un beau portrait de femme, très contemporain, et un film sur la solitude. On comprendra par la suite les raisons de cette fuite en avant et je trouve le parcours durant les deux parties bien distinctes plutôt touchant et réussi. Mais les réalisateurs s'attardent dans un premier temps davantage sur le milieu de l'aviation low cost dans un style documentaire assez percutant. L'angle est intéressant, et bien que l'on se doute que ces compagnies utilisent des méthodes discutables, on ne peut qu'être révolté par certaines scènes. Je rêve désormais d'un Stéphane Brizé aux manettes d'un tel film.

Parce que oui, Rien à foutre aborde ces sujets et tant d'autres... et à mon sens finit par se perdre quelque peu. Amitiés contrariées et épisodiques, plan cul à répétition, réseaux sociaux envahissants, destinations peu reluisantes et jalousie envers Emirates (belle pub pour la compagnie). Ce n'est que lors de séquences très précises que l'on se recentre réellement sur Cassandre, et d'ailleurs Adèle Exarchopoulos l'incarne à merveille lorsque les séquences durent un peu. Elle a cette capacité à sourire tout en ayant un regard d'une profonde tristesse.

C'est lorsque l'on bascule dans la seconde partie, beaucoup plus intimiste chez sa famille en belgique que l'on comprend véritablement la trajectoire de Cassandre. Encore une fois, certaines séquences sont très réussies et à priori parfois improvisées. Il ressort du vrai, du concret, du palpable. On a parfois l'impression de fumer une cigarette à leur côté. Mais c'est aussi quelque peu longuet, attendu et platement filmé.

Rien à foutre c'est une jolie proposition, honnête dans le style si prisé du cinéma européen qu'est la représentation d'une "tranche de vie". Les fulgurances viendront essentiellement de l'actrice star, de manière sporadique. Cela a le mérite de retoquer l'ennui qui guette sur le palier, et de passer un agréable moment. Je l'aurais cependant oublié dans peu de temps, faute de cinéma et de scènes réellement marquantes.