Le sujet est « casse-gueule » : c’est l’histoire de Richie Bravo (Michael THOMAS), vieux crooner autrichien, alcoolique, bedonnant, à la démarche de cow-boy, affublé d’une veste en phoque, portant des Santiags, tatoué, aux cheveux blonds et gras, vivant de ses charmes auprès de femmes âgées seules et de concerts dans des hôtels fréquentés par des retraités allemands. Sa petite vie minable et pathétique, ponctuée de visites intéressées auprès de son père veuf et résidant en E.H.P.A.D. en Autriche où vit aussi son frère Ewald, est bouleversée par l’arrivée de sa fille Tessa qu’il n’a pas vue depuis 18 ans et qui vient réclamer l’argent (30 000 €) qu’il aurait dû verser à sa mère. Cela aurait pu être « Mort à Venise » version trash et prolo car le réalisateur décrit de façon crue l’envers du décor de la ville balnéaire de Rimini (150 000 habitants, plage de 15 km sur l’Adriatique et accessoirement, lieu de naissance de Federico Fellini) pendant la mauvaise et morte saison (pluie, brume et neige), où attendent des migrants africains ou arabes et fréquentée par des vieux, aliénés et abêtis par les chansons d’amour lénifiantes de Richie, souffrant de solitude, d’abstinence sexuelle et de carence affective. Malheureusement, comme si le cinéaste ne savait pas conclure, il a fait durer (1h54), en voulant choquer, un peu comme son confrère suédois, Ruben Östlund et ses 2 Palmes d’or, « The square » (2017) et « Sans filtre » (2022) ; les 30 dernières minutes (où Richie emmène Annie et Emmi dans un hôtel vide sans lumière) gâchent le film (qui aurait été réussi en restant sur le fil du rasoir) en le faisant passer du grinçant et caustique au sordide et scabreux. Richie Bravo demeure un personnage égoïste et trop veule pour être défendu. Belle performance de l’acteur Michael Thomas mais fallait-il qu’il s’avilisse autant pour ce rôle, ainsi que ses partenaires féminines, lors des scènes sexuelles où rien n’est épargné au spectateur ? Une volonté du réalisateur de mettre mal à l'aise ?