Une ode à la sobriété maladroite et mal rythmée
Certains classiques du cinéma ne devraient jamais être revus avec des yeux d'adulte, et ce western soporifique en fait malheureusement partie. Habitué à la crasse et au cynisme de Sergio Leone, j'ai trouvé ce film bien trop bavard et explicatif, alors qu'il ne se passe pratiquement rien du début à la fin. Les bandits sont tous propres et bien rasés, leurs chemises sont parfaitement repassées, et Howard Hawks passe une bonne partie de son temps à nous bassiner avec une propagande anti-alcool. Si j'ai bien compris, un cowboy qui se respecte ne doit pas boire, sinon il va rapidement devenir une loque aux mains tremblantes... Satanée morale puritaine, va !
Un sourire toujours accroché au coin des lèvres, John Wayne incarne un shérif vertueux aux pantalons trop courts et à l'impressionnante collection de chemises. Son tandem avec Dean Martin fonctionne plutôt bien, et la dynamique de cette relation quasi-filiale constitue le moteur narratif du film. Par contre, les seconds rôles sont particulièrement horripilants, car trop gentils et pleins de bonnes intentions. C'est bien simple, par moments, je me suis demandé si j'étais en train de regarder un mélodrame ou un western !
Et que dire du sosie d'Elvis qui interprète le jeune Colorado ? Je sais bien que le film a été tourné en 1958 (soit en pleine Presley-mania) et qu'il fallait un jeune acteur ténébreux pour attirer en masse le public féminin, mais Ricky Nelson est terriblement fade dans ce rôle de jeune guitariste qui dégaine plus vite que son ombre. Justement, puisqu'on parle de la musique, je l'ai trouvée trop guillerette pendant la première heure du film, et seul le morceau mexicain à la trompette m'a semblé être adapté à une histoire se déroulant dans le far west.
Enfin, que ceux qui s'attendaient à admirer des déserts arides tels qu'on en aperçoit dans la plupart des westerns traditionnels soient prévenus : Rio Bravo est avant tout un film de studio, et la quasi-totalité de l'intrigue se déroule dans le bureau du shérif. N'espérez pas non plus assister à des duels au pistolet, ou ressentir la moindre tension pendant les rares scènes de fusillades... Non, l'empathie pour les personnages est inexistante, et cette volonté d'incorporer de l'humour à tout bout de champ via le rôle du petit vieux est une sacrée erreur du réalisateur.
Comme vous pouvez l'imaginer, Rio Bravo m'a déçu, et durant son visionnage, j'ai trouvé le temps terriblement long. Je m'attendais à voir un chef d'œuvre avec des paysages majestueux et un suspense à couper le souffle. Il n'en est rien, et j'aimerais vraiment qu'on m'explique comment ce film a pu entrer dans la légende.