Rio Bravo n'est plus à présenter, classique du western américain revisité à toutes les sauces par tant de réalisateurs, et constitue encore aujourd'hui un monument du cinéma américain, pour la simple raison qu'il dépasse le genre auquel il se range initialement. Les deux heures et vingt minutes de film sont essentiellement ponctuées de dialogues entre les membres de la ville, présentant au tour à tour les multiples enjeux auxquels les personnages vont faire face.
Et c'est ici qu'Hawks s'impose à nouveau comme un grand metteur un scène, préférant développer implicitement et sur l'entièreté du film, deux thèmes majeurs : la peur de perdre son prochain (frère ou amante) comme l'affirmation de sa personnalité. Le combat n'est plus tellement physique, les confrontations pouvant être réglées par quelques coups de gâchettes et un peu de flegme, mais demandent calme et rigueur. Le personnage de John Wayne, dont les codes seront dupliqués au sein de tant d'autres westerns, est attachant parce qu'il est sévère, comme l'acolyte ivrogne parce qu'il est saoul, et le vieillard parce qu'il est maladroit.
L'erreur est commise par chacun de ses personnages, et s'avère davantage déterminante que l'enjeu originel confrontant cette bande à une autre demandant chantage : c'est l'acceptation progressive du Shérif, que personne ne puisse parfaitement répondre aux fonctions qu'on lui attribuerait. A ce titre, Rio Bravo est un grand film sur l'affirmation de sa volonté, contre toute forme de lien possessionnel. Le Shérif le comprendra, cette femme ne lui appartient pas mais elle lui reste liée par l'amour qui les unit.
La mise en scène demeure classique, usant de plans larges pour les grandes confrontations, dont la dernière reste la plus mémorable, comme de beaux panoramiques pour suivre ses personnages. La musique, elle, renvoie à ce que chacun des personnages souhaite retrouver, la paix intérieure. Sans manichéisme forcé, le film côtoie les grands films du genre, à n'en pas douter.