La classe à l'américaine.
Howard Hawks. John Wayne. Western. Trois mots clés et vous obtiendrez souvent comme réponse Rio Bravo. Le film mythique, le grand film hollywoodien porté par une méga-star de l'écran, suivi de deux compères crooners chanteurs (pas vraiment acteurs, surtout pour Ricky Nelson).
Qu'est ce qui a fait de ce film une légende ? Le fait que ce soit la réponse à High Noon (Le train sifflera trois fois en VF) ? Le portrait d'un shérif sans reproches, dévoué et près à mettre sa vie en jeu pour la loi ? Le rythme et la réalisation d'Howard Hawks, magistrale et dénués de défauts ? Ou juste l'interprétation de John Wayne, dans peut-être son plus grand rôle ? Un peu de tout si je les cites. Il y a tout dans ce film. Tout ce qui a forgé le cinéma américain et son empreinte sur le monde culturel.
Parce qu'au final, l'histoire ne casse pas trois pattes à un canard: un type a commis un meurtre de sang-froid sous les yeux du shérif, celui-ci se fait arrêter et attend de passer devant un juge dans la prison locale. Sauf que c'est le frère de Nathan Burdette, propriétaire richissime du conté et personnage très influent, qui nage dans des méthodes peu scrupuleuses. Celui-ci fera tout pour faire sortir son frère de prison, le shérif et ses adjoints fera tout pour tenir un siège et faire en sorte que justice soit faite.
Un jeu du chat et de la souris, avec des rebondissements, des moments de tensions, du suspense, des duels, des échanges de tirs, des explosions, une histoire d'amour naissante et un méchant près à tout pour arriver à ses fins. On est en face du premier film appliquant la recette factuelle d'un blockbuster. Grand film de divertissement, ce vrai-faux remake prend à contre-pied le film original (High Noon donc) pour donner un message plus prompt à ses spectateurs: le shérif doit à tout moment assurer, et est celui qui doit se faire respecter et tirer ces compatriotes vers le haut. John T. Chance est à tout moment aux aguets, prêt à agir, défendre sa ville et permet à certains de se racheter. Le héros américain dans toute sa splendeur.
Forcément, ça sonne bizarre, vu qu'on est dans l'éloge du personnage humain avec pleins de défauts de nos jours. Peut-on élever une iconographie sans bâtir des personnages comme ceux de ce film ? Les seuls à montrer des moments de faiblesses, ce sont les acolytes du shérif. Mais celui-ci est présent pour les redresser et leur donner une seconde chance. Éloge d'une Amérique qui n'abandonne pas ses égarés.
Film de propagande (comme quasiment tout les grands films américains, ne pas se méprendre), c'est le grand film des années 60, celui qui résume en 2H20 un pan de la culture américaine. Et qui scellera sur la pellicule la légende d'un acteur.