Dernier volet de la trilogie fordienne consacrée à la cavalerie US, Rio Grande n'est pas mon préféré, même si on admet qu'un western de John Ford reste toujours une garantie de qualité. Mais pour moi, la Charge héroïque est loin devant, suivi par le Massacre de Fort Apache qui sont nettement meilleurs ; ici, le sujet flirte avec la comédie dramatique voire le romanesque, et se réduit par endroits à quelques scènes de ménage en plein conflit avec les Apaches, c'est assez malvenu. En fait, Ford propose une apologie du devoir face aux sentiments familiaux, c'est aussi une envolée en faveur de l'héroïsme et l'amour du drapeau qui prime avant tout.
On peut reprocher au grand maître d'avoir donné une image peu progressiste à l'égard des Indiens qui sont dépeints comme des brutes sanguinaires, tout en livrant un discours plus appuyé et plus apologique de la cavalerie et de ses valeurs. Heureusement qu'en exterminant des meutes d'Indiens, John Ford donnait du travail à ses amis Navajos en leur permettant d'échapper à la famine, car en 1950, le gouvernement américain ne se souciait pas de leur sort, seul Hollywood employait cette main d'oeuvre qui pouvait ainsi subsister, il faudra attendre encore pour que la cause indienne soit enfin entendue.
Le film reprend le personnage de Kirby Yorke, déjà héros du Massacre de Fort Apache, mais l'homme a vieilli et se montre plus dur envers les autres comme envers lui-même, notamment face à son jeune fils qui est amené à servir sous ses ordres, son attitude est partagée entre le devoir du soldat et son coeur de père. Je crois bien que c'est la première opposition de Maureen O'Hara et de John Wayne, cet antagonisme sera si satisfaisant que John Ford réutilisera ce couple prestigieux dans ses autres films comme L'Homme tranquille ou L'Aigle vole au soleil notamment. On retrouve par contre la bonhomie malicieuse de Victor McLaglen en sergent Quincannon, présent dans les 3 films sur la cavalerie et acteur fétiche de Ford, qui encore une fois grâce à lui, insère son humour si typiquement irlandais.
Un western un peu rigide et certainement l'un des plus racistes de Ford, tempéré par un désir d'humaniser ses personnages en recourant à un sentimentalisme parfois excessif, et dont il faut retenir surtout la grande maîtrise.