Troisième opus de la trilogie de Howard Hawks : Rio Bravo (1959), El Dorado (1967), et Rio Lobo (1970), le plus connu étant le premier, Rio Bravo (peut être le western le plus célèbre de tous les temps).
La trame est semblable dans les trois films : quatre générations sont représentées, à la fois alliées et en interaction. Il y a un héros d’âge mûr, toujours joué par John Wayne. Il y en a un autre plus jeune : ce fut d'abord Dean Martin, puis Robert Mitchum, ici c'est Jorge Rivero, un acteur venu du Mexique pour l’occasion. Ensuite , il y en a un autre encore plus jeune : ce furent Rick Nelson, puis James Caan, et ici Christopher Mitchum. Enfin, il y a un homme bien plus âgé mais encore vert pour l’action : ce furent Walter Brennan puis Arthur Hunnicut, et ici Jack Elam. Ces quatre personnages s’allient contre des méchants qui tyrannisent une ville. Il sont aidés par une ou deux femmes : il y eut Angie Dickinson, puis Charlene Holt et Michele Carey, ici Jennifer O'Neil, et leurs âges sont ajustés à ceux des héros les plus jeunes.
Parmi les morceaux de bravoure, il y en trois qui son récurrents : la prison transformée en citadelle car on y a enfermé un chef des méchants, puis c'est un échange périlleux de prisonniers entre les deux camps, et à la fin un gunfight général.
La musique de Jerry Goldsmith travaille ici sur des mélodies et des rythmes mexicains notamment à la guitare, comme le fit dans Rio Bravo celle de Dimitri Tiomkin qui privilégiait la trompette.
Alors, quelles sont les originalités Rio Lobo par rapport aux deux autres ? Il y en a heureusement toujours.
La première est la séquence d’ouverture, qui est maestrique : c’est le vol ingénieux d'une cargaison d’or dans un train nordiste par un commando sudiste à l’aide d'un essaim de guêpes.
La seconde est que les alliés sont ici, après la guerre, un ancien colonel nordiste, joué par John Wayne et deux des anciens sudistes qui ont volé son train (joués par Jorge Rivero, le capitaine, et Christopher Mitchum, son jeune sergent). Ils recherchent ensemble le nordiste félon responsable de l’attaque du train (il avait vendu l’information).
La troisieme : ils défendent un vieux ranchero joué par un Jack Elam haut en couleurs. On est très heureux pour lui que son oeil torve et sa faconde soient enfin mis aux service du bien et qu’il ne soit pas déquillé au plus vite comme le méchant de service qu’il joue depuis des lustres. On boit chacune de ses répliques : l’une est d'ailleurs altérée par son souffle coupé car il avale une liqueur qui ne peut pas avoir moins de 70 degrés, visiblement sans trucage, car personne ne peut jouer le halètement si typique qui suit un reflexe de la glotte agressée brutalement par l'alcool.
Enfin, Howard Hawks avait prévenu Wayne : cette fois je vais me moquer de toi ! Et en effet, Jennifer O’Neil, fuyant momentanément son attirance pour le jeune capitaine, va dormir près du feu de camp, pelotonnée sur Wayne en lui expliquant qu’il est « confortable » - ce qu’il reprendra plusieurs fois, par autodérision et avec panache, même dans sa dernière réplique juste avant le mot Fin.