« Critique » uniquement conçue pour faire découvrir ce moyen-métrage au plus grand monde, donc, par conséquent, peu fournie en arguments.
Unique réalisation de l'auteur culturiste Yukio Mishima, « Yûkoku », tourné en deux jours sur une scène de théâtre, peut aisément figurer parmi les provocations cinématographiques les plus cinglantes du XXème siècle, aux cotés du « Chien Andalou » de Buñel et Dalì, voire « Pink Flamingos » de John Waters. Pourtant, ce moyen-métrage a bel et bien été perdu pendant presque quarante années, avant qu'une pellicule ne soit miraculeusement retrouvée dans les années 2000, le faisant connaitre jusqu'en Europe pour mettre en exergue des images inédites. « Yûkoku » ressemble à une nouvelle : court, le film n'en demeure pas moins vertigineux, qu'il s'agisse de son esthétique troublante ou de son récit audacieux, narrant les dernières minutes de l'existence du colonel Shinji avant que ce dernier ne se fasse hara-kiri avec sa femme. L'œuvre met donc en scène, pendant trente minutes, un suicide collectif, précédé par un acte sexuel. L'étreinte amoureuse et le seppuku, deux opposés que Mishima met en scène de manière explicite, sans compromis, et avec une rare violence révélant une intensité dramatique conduisant le spectateur jusqu'à la douleur. Aucun dialogue ne vient perturber ce silence exsangue, malgré de longs intertitres. Et en mettant en valeur l'acte amoureux et non les sentiments, Mishima érotise sa pellicule en installant un fort contraste entre l'homme et la femme, notamment au niveau de l'expression : le visage de l'homme est fermé, inexpressif, et celui de la femme est sensuel, et d'une douceur inouïe.
Opposant mort et amour tout en entendant promouvoir le code samouraï, « Yûkoku » prévoit également le décès de Mishima, qui mourra par hara-kiri seulement quatre ans après le tournage, après que son coup d'état ai échoué. Rappelons également les convictions politiques du luron, tournées de manière générale vers l'extrême droite et le pro-impérialisme, deux idéologies dont il ne manque pas de faire la promotion ici, avec une sincérité débordante. Mais avant d'être une paraboles des convictions de son auteur, « Yûkoku » est une réflexion esthétique sur l'amour et la mort. À ce propos, nous retiendrons le plan final, sublime métaphore de l'amour éternel, et unique diamant dans cet océan de verre, constituant ce sommet de pureté.
Partie 1.
Partie 2.