L’un des tout grands chefs-d’œuvre du néo-réalisme, ce mouvement cinématographique qui toucha l’Italie après la guerre de 1939-45. L’Italie pays vaincu (comme le Japon et l’Allemagne, qui mettront eux aussi des années à s’en remettre) se reconstruit, dans la pauvreté et la honte. Un quatuor d’acteurs impeccables : Vittorio Gassmann parfait dans son rôle de crapule, Silvana Mangano sur laquelle on en fait des tonnes depuis soixante ans (ah ! les cuissardes !) mais qui est juste quelconque au niveau charmes (des jambes trop grosses et elle louche !) et surtout au niveau jeu d’actrice. Je lui préfère nettement Doris Dowling (à la fois comme femme et comme comédienne), dans un rôle sobre où elle joue juste. Terminons par Raf Vallone, élégant et intelligent comme à son habitude. Le scénario est très habile, mêlant des éléments de fiction à ce qui et presque un documentaire. Les images sont d’une réelle beauté, traduisant au mieux la dure nécessité de la vie qui doit continuer à s’écouler malgré les vicissitudes. Certaines scènes sont mythiques (non, pas celle des cuissardes !)… Je pense en particulier à celle où les clandestines affrontent les patrons et leurs collègues régulières, celle où la jeune repiqueuse enceinte doit cesser son travail, celle surtout de l’inondation du Pô, crapuleuse et criminelle, qui déclenche une solidarité dans tout ce petit peuple qui ne vit que pour et par le riz… Une grande leçon de cinéma et d’économie politique.