“Tu veux te battre l'eunuque !” (un mec). “Je suis pas venu pour te montrer mes couilles !” (Wade Garrett). Voici une réplique empreinte de poésie, qui vous souffle à l’oreille comme une petite brise. Une réplique culte pour un film qui l’est tout autant ! Début 1990 sortait sur nos écrans un long-métrage intitulé “Bar Routier” au Canada, une traduction littérale moisie à laquelle nous lui préférons l’anglicisme “Road House”. Tentons une petite expérience. Jacky et Michel se rencontrent dans la rue. Jacky : “Qu’est-ce que tu as loué au vidéo-club hier ?” Michel : ” J’ai loué un film qui s’appelle “Bar Routier.” Jacky : “C’est quoi cette daube ?” Jacky : Qu’est-ce que tu as loué hier au vidéo-club ? Michel : “J’ai loué “Road House” !” Jacky : “Ouah ! t’as trop de chance" ! (CQFD). Toute ressemblance avec Jacky ou Michel veut dire que vous avez au moins 45 ans. Vous avez remarqué le clin d'œil pas très finaud à l’encontre des rayons X de feu nos vidéo-clubs de quartier ! Ne nous égarons pas, à une époque bénie où le cinéma - notamment celui d’action - ne souffrait d’aucun complexe et ne cherchait la complaisance de personne, le film de Rowdy Herrington (“Sur le Fil du Scalpel”), nous emmenait avec la finesse d’un pachyderme boiteux dans le monde testostéronné - et rarement vu au cinéma (à confirmer) - des videurs de boîtes de nuit. Un bonheur n’arrivant jamais seul, quel ne fut pas le nôtre de revoir deux ans après son rôle so sexy de “Dirty Dancing”, le charismatique Patrick Swayze. En lui donnant le rôle principal, le mogul Joël Silver, producteur de “L’Arme Fatale”, “Predator” et “Piège de Cristal” savait qu’il allait ratisser large au niveau public. Silver avait une fois de plus raison, même si le succès de “Road House” au cinéma fut mitigé, c’était sans compter sur sa deuxième vie en vidéo ! Les bras croisés, les muscles sayants, moulé dans un tee-shirt noir (sur l’affiche cinéma), Patrick Swayze est James Dalton - le “Best of the Best” des videurs. Celui que tout le monde veut avoir, va justement se faire débaucher par Frank Tilghman (Kevin Tighe), le patron du Double Deuce, une discothèque malfamée (un doux euphémisme), de Jasper City (Missouri) ! Voilà Dalton au pays des “Hillbillies”. Avec la philosophie et la zénitude comme crédo (peut-être les prémices du futur “Point Break”), mais avec fermeté, Dalton va prodiguer son savoir au personnel hétéroclite et bas du front de l’établissement. A la différence de bien des personnages de cet âge d’or du cinéma bourrin, Dalton est un penseur, avant d’être un cogneur ! Il n’est pas un vétéran du Vietnam post-traumatisé, encore moins un agent de la CIA, ni un flic alcoolo divorcé, ni un barbouze ou un ancien légionnaire. Non, rien de tout cela. Son mojo, il le doit à son mentor le grand Wade “j’ai la coolitude dans le sang” Garrett (Sam Elliott), le père des videurs, qui n'a rien avoir avec Patt.
A cet instant, tout va pour le mieux pour Dalton qui s'amourache d’Elisabeth Clay la jolie toubib du coin jouée par Kelly Lynch. Je me risquerai à dire que c’est un scénario “Clay” en main pour Dalton, mais c’est sans compter sur le grand méchant du film. En effet, la bourgade de Jasper City ne peut respirer qu’avec la permission de Brad Wesley (Ben Gazzara), un puissant homme d’affaires véreux qui fait régner la peur dans la région graĉe à ses hommes de main, en particulier un certain Jimmy (Marshall R.Teague), le pendant négatif de Dalton. Jouant aussi bien du Monster Truck que de l’incendie criminel, Brad Wesley tient la ville sous son joug ! De fait, après une première partie tournée façon huis clos by night dans lequel, les bourre-pifs, coups de pied retournés, coups de poing et coups de surin se disputent l’espace avec des musicos en cage et des bimbos aux yeux de biche, le bustier généreux et le cuissot léger, “Road House” se transforme dans une deuxième partie, en un western moderne tendu qui laissera toute latitude à Patrick Swayze pour se muer en un justicier sauvage. Après des gunfights, du sang et des larmes, après un corps à corps enragé qui fera date, Dalton et avec lui, la petite bourgade de Jasper seront libérés. Une fois de plus la justice étasunienne est sauve ! L’Amérique a besoin de héros, cela tombe à pic, James Dalton est là !!!