Roar est un projet cinématographique totalement fou et assez incompréhensible, je crois n’avoir rarement vu un film aussi dingue.
Projet engendré par le couple Tippi Hedren et son mari Noel Marshall qui réalise le film, les deux jouent dedans.
Le tournage, dans un ranch proche de Los Angeles où le couple a rassemblé 200 félins non dressés, est un des plus longs et un des plus dangereux de l’histoire du cinéma, il a duré 6 ans et a vu les blessures se multiplier sur le plateau.
L’histoire, il n’y en a pas vraiment, tient sur un timbre-poste : Madeleine (Tippi Hedren) emmène ses enfants dans la jungle africaine pour aller voir son mari Hank, dont elle est depuis longtemps séparée. Hank est un scientifique excentrique qui s'est toujours battu pour la défense d'espèces en danger et qui vit dans une grande maison au milieu de plus de 200 fauves de toute origine : des lions, des tigres, des guépards, des léopards, des jaguars,…et des éléphants.
C’est tout. En fait il n’y a pas d’écriture, les scénaristes sont les félins. Le projet consiste à les filmer envahir les pièces de la maison, bousculer les acteurs, leur sauter dessus de façon plus ou moins violente. La mise en scène adopte leurs comportements, ou plutôt ceux sont eux qui guident la mise en scène. On les regarde envahir le cadre et déambuler avec un regard à la fois fasciné, amusé, interloqué, et inquiet. Ce qui est fou c’est le contraste entre la musique guillerette et la dangerosité flagrante ressentie.
Ce n’est ni un documentaire ni une vraie fiction. C’est un objet totalement à part. Ce qui me plait, outre toutes ces bizarreries, et l’amour et le respect pour ces animaux qui me semblent sincères, c’est ce que la forme du film engendre. D’une part que l’homme n’est qu’une petite chose qui tente de trouver sa place dans le même cadre que celui où évoluent les animaux. Que l’homme n’est en rien supérieur, il n’est qu’un animal parmi les autres, et toute relation passe par un équilibre et un respect mutuel qui banni toute forme de domination et d’agressivité. D’autre part, qu’il est impossible de dominer la nature, d’enfermer les choses dans des cadres, guidées par un besoin de liberté. Tout ça, la mise en scène du film le traduit plutôt bien.