On pourrait grossièrement parlant assimiler cela à du Raoul Ruiz ou du Lucchino Visconti. Typiquement le genre de film qui me donne envie d’être grossier tant il représente tout ce que j’exècre, quelque part entre Ce jour-là et Les damnés, auxquels on pourrait adjoindre Welles, car je trouve ça aussi irregardable que Le procès, en gros. Bon, sans faire de roulement de tambour, j’ai trouvé ça insupportable de bout en bout. Ou comment se faire violence pour parvenir à le finir. Et j’étais assez fier de ma prouesse car certaines choses sont parvenues à me sortir de ma torpeur. La longue séquence des barres parallèles par exemple, enfin surtout toute l’orchestration de sa préparation (On en revient à cet éternel déplacement muet qui me fascine tant). Et d‘autres moments ou j’entrevois des idées fortes mettant en lumière la jouissance perturbée de cette ancienne résistante devenue députée à la commission de censure. Bon, je n’ai pas lu le triptyque des Lois de l’hospitalité, de Pierre Klossowski, c’était peut-être primordial pour saisir toutes les subtilités de ce récit alambiqués, mais je m’en fiche, partons du principe que le film se suffit à lui seul ; Je ne crois pas qu’il faille nécessairement lire Sade quand on s’attaque au Salo de Pasolini, ni connaître l’œuvre d’Honoré d’Urfé pour adorer Les amours d’Astrée et de Céladon, d’Eric Rohmer – Je cite ce dernier volontairement puisque Zucca l’avait comme projet d’adaptation, c’est ce pourquoi Rohmer lui rend hommage dans la sienne. Quoiqu’il en soit j’ai vite perdu pied sous le déluge de sophistication dégoulinante que le film emprunte, autant dans sa gestion des flash-back, son utilisation verbeuse de la parole, ses miroirs et colonnes à n’en plus finir, ses mises en scènes de tableaux érotiques en tout genre, sa bande son jazzy ostentatoire, ses changements de format (irruption d’une séquence muette avec cartons). Je préférais de loin la simplicité formelle de Vincent, moins pour sa dimension contemporaine que dans son utilisation parfois fascinante de l’espace. Ici, tout est froid, lisse, clos. Un peu trop certain de toucher à l’ovni ultime, quoi. Restent les apparitions savoureuses quoique enfouies, de Juliet Berto (que l’on croirait vraiment échappée du Céline et Julie vont en bateau, de Rivette), Barbet Schroeder, Jean-François Stevenin et Frédéric Mitterrand. Bel éclectisme. On se satisfait comme on peut.