De mon cycle AventureS 2024-2025, après le chef d’œuvre du péplum mis en scène par l’infatigable Ridley Scott (« Gladiator »), j’en arrive à l’histoire de Robin des Bois (personnage du folklore britannique) avec la version des années 2010.
Dvd (qui comprend la director’s cut) que je possède depuis quelques années (sans doute une dizaine, déjà !) et qui passe seulement maintenant sous mes yeux et mes oreilles : parbleu, monseigneurs !
Avant de passer à mon analyse, je tiens à souhaiter une bonne année 2025 à tous (éclaireurs, abonnés, ceux qui me suivent... -de près ou de loin !) ainsi que tous mes vœux de découverte pour cette nouvelle année que je vous espère riche en découvertes culturelles (cinématographiques, littéraires…).
Excellente année à vous et au plaisir de discuter, d’argumenter, de se chamailler (gentiment)… autour de sujets qui nous interpellent.
Bien le bonjour à 2025 !
Film d’ouverture de la 63ème édition du Festival de Cannes (2010), production à très gros budget (200 millions d’euros), « Robin des Bois » est ce long-métrage beaucoup plus sérieux et tranchant que la dernière version (celle de 1991) : une légende modernisée pour un tournage compliqué (la grève des scénaristes de 2008 en est la cause principale).
Un retour aux sources revisité pour un résultat correct, même plus que correct de la part du réalisateur britannique Ridley Scott.
De premier abord, il m’a manqué ce charme charnel qui plane encore et toujours sur le film des 90’s, un panache certain, un méchant d’envergure, du stylisme, de la grâce, de l’envergure et une aura sur ce « Robin des bois » qui pâtit énormément de ce qu’a pu procurer le film de Kevin Reynolds. Archers, en joue !
Non pas que le couple oscarisé hollywoodien ne fasse pas l’affaire (Russell Crowe-Cate Blanchett), au contraire, il fait l’apanage du film, mais sans plus. Il n’apporte pas l’épaisseur psychologique dont a besoin un ‘Robin des bois’ pour exister comme l’avait fait le couple Sean Connery-Audrey Hepburn dans « La rose et la flèche » ou le duo Kevin Costner-Mary Elizabeth Mastrantonio dans le film de 1991.
Si je reste sur ce duo, Russell Crowe (« Gladiator », « Une grande année », « American gangster », « Mensonges d’état » et « Robin des bois » font partie des cinq fructueuses collaborations avec Ridley Scott) est impeccable et charismatique à souhait dans la peau de ce croisé qui s’en revient des guerres, et Cate Blanchett (« Elizabeth », « Aviator », « Blue Jasmine », « Tar ») en Lady Marianne apporte une dose de féminité fragile et rigide bienvenue.
Un duo plein de grâce, charismatique mais pas assez anthologique pour ma part. Haut les cœurs, messires et ladies !
Ici, nous n’avons pas de méchant charismatique, c’est un fait. On oublie un peu trop tôt la performance incroyable et inoubliable du regretté Alan Rickman, le tout juste immanquable shérif de Nottingham qui a marqué à jamais l’esprit du film avec Kevin Costner et tout simplement notre inconscient collectif, et le septième art dans toute sa splendeur. Pas de méchant, le film se fait ainsi plus lisse, moins stylé et forcément plus cliché.
Pas de méchant d’envergure donc, les têtes d’affiches restent du côté des gentils : Crowe, Blanchett, le regretté William Hurt (primé à Cannes et ensuite aux Oscar pour son interprétation dans « Le baiser de la femme araignée », il jouera ensuite pour Lawrence Kasdan, Spielberg, Cronenberg, Leterrier fils...) en allié du roi Richard Cœur de Lion, et Max von Sydow (qu’on ne présente plus !: « Le septième sceau », « Les fraises sauvages », « L’exorciste », « Minority report », « Shutter island », la série « Game of thrones »… autant de classiques !) en père adoptif de Robin de Locksley, impeccablement et bigrement droit dans ses bottes.
Avec également, du côté du casting, et ne se démarquant vraiment pas !: Vanessa Redgrave, Mark Strong, Oscar Isaac, Mark Addy, Kevin Durand, Jonathan Zaccaï, Matthew Macfadyen. Du beau monde, oui, de beaux seconds couteaux apparents (voir leur carrière respective pour s’en assurer) mais qui ne manient ici ni l’épée ni le glaive en tant voulu. Dommage pour nous ...et pour le metteur en scène du polar « American gangster ». Gangsters un jour, américain pour toujours ?
Le scénario est original de la part de Brian Helgeland (oscarisé du meilleur scénario pour « Los Angeles confidential », les papiers de « Mystic river » et de « Man on fire » -de Tony Scott !- sont passés par ses mains) et ne perd pas une miette de nous raconter les exploits avants-coureurs de la légende Robin des Bois, de la mort de Richard Cœur de Lion en France sur les hauteurs de Limoges, de la remise de la couronne au Roi d’Angleterre, … .
Le scénario est remis au goût du jour mais ne rivalise aucunement avec celui de 1991 : il est refaçonné pour nous raconter une autre histoire avec un Robin plus réaliste et davantage centré sur l’homme. Dommage de la part des scénaristes qui se sont succédés pour arriver à un tel résultat, un récit certes centré sur l’avant Robin des bois et beaucoup moins sur la légende.
Mes attentes étaient telles que sur la pierre angulaire du scénario et de l’écriture filmique, on est vraiment loin de la légende du hors-la-loi de Nottingham. Helgeland et ses complices, dixit Ridley Scott, referme nos espoirs en nous racontant une autre histoire, la leur.
Concernant les scènes de combats, elles sont toujours aussi bien chorégraphiées de la part du réalisateur de « La chute du faucon noir ».
Si après le forfait victorieux « Gladiator », Ridley Scott nous assomme de part en part et nous enivre avec ses scènes d’action toutes plus assourdissantes les unes que les autres, et ce avec une démonstration de force et de vigueur d’instrumentalisation de ses scènes, c’est groggy que l’on en ressort !
Le réalisateur de « Napoléon » (sorti au cinéma fin d’année 2023) fend l’armure et décoche ses flèches à tout va pour mieux nous immerger dans son histoire (à coups de scènes d’action !).
Par contre, ce que le metteur en scène a su galvaniser dans « Gladiator », il ne le retransmet pas ici avec force et honneur.
Ridley Scott reste ainsi sur ses acquis pour mieux nous conquérir. Parfois, ça marche, ici, ça n’a pas fonctionné (en tout cas, sur moi !).
Il m’a ainsi manqué cette apanage de réalisation, une musique emballante (même si elle est entraînante !) du pourtant Marc Streitenfeld -collaborateur scottien proche : « Une grande année », « Mensonges d’état », « Prometheus »- et une embaumisation générale de la mise en scène.
« Robin des bois » ne manque pas de rigueur mais de vigueur (cette fameuse embaumisation, envoûtement général).
A l’image du générique final qui manque d’allant car il nous laisse sur notre faim : les flèches décochées sous fond de dessin animés (comme l’est le logo animé de la société de production Scott Free) avec ces chevaux et ces gladiateurs qui galopent de droite à gauche sans d’accroches filmiques verdoyantes, rougeoyantes et surtout abrasives. Le générique final arrive sans que l’on comprenne le pourquoi du comment : ce fond noir avec les noms qui défilent m’a surpris, je voulais que Ridley Scott parachève cette œuvre avec un autre tour de passe-passe (imaginer une suite, des bruits de fureur et une musique stratosphérique pour le générique final, adopter un autre champ de vision de caméras à travers le générique final, …).
Les limites du réalisateur se font ici grandement sentir dans ce type de production et la légende de ces films réalisés depuis un siècle sur les films d’aventures (« Les aventures du Robin des bois » des 30’s, « Le voleur de Bagdad » des 40’s, « Le tombeau hindou » des 50’s, « Indiana Jones, les aventuriers de l’arche perdue »…) qui possèdent aujourd’hui un pouvoir de fascination toujours pas erroné sur le septième art (en général).
Ce n’est pas le meilleur film de Ridley Scott, mais pas son pire, loin de là !
Le réalisateur de « Alien, le huitième passager » fabrique à son corps défendant un divertissement de fureur glaçant somme tout glaçé (et forgé !) dans le marbre (et le bois du chêne !).
Le metteur en scène du drame historique « Les duellistes » offre, en aparté, une ballade anglaise qui manque de cocktail, une fresque historique sans ampleur ...dans les bois de Nottingham et de France.
Le réalisateur de « Blade runner » et de « Hannibal » livre une œuvre impitoyable pourtant dépourvue des joyaux de la reine (« Robin Hood », de son titre originel, qui sortit en salles en 2010) que je peux considérer comme la suite indirecte de « Gladiator » (en moins bon).
Un divertissement honorable sauvé par l’infatigable et l’inusable Ridley Scott.
A noter : Russell Crowe a également participé au financement de « Robin des bois ». Il est ici producteur, au même titre que le metteur en scène du road-movie « Thelma et Louise » avec sa société Scott Free !
Spectateurs, « Gladiator » un jour, gladiateurs de Nottingham toujours !