Ridley Scott revisite la légende de l'archer de Sherwood, était-ce bien utile ? c'est la question que je pose avant tout. Au vu du résultat, je répond non, et j'ajouterai que ce Robin m'a par endroits fait faire la grimace. Bah, après tout, Ridley a voulu s'immiscer dans ce Moyen Age qu'il aime bien en faisant ce qu'il sait faire : un film mêlant Histoire et action, mais que d'erreurs et d'invraisemblances ! Son choix d'une optique très différente de ce qui avait déjà été fait, n'est pas négligeable, les scénaristes ont façonné un profil de Robin différent en humanisant la légende et en optant pour le facteur humain prenant le pas sur le mythe. De même que le cliché de la belle Marianne à sauver a été évité, c'est une femme d'aplomb, farouche et loin d'être une faible femme. Déjà, dans la version avec Costner, Mary Elizabeth Mastrantonio incarnait une Marianne forte et limite féministe, un comble dans ce rugueux Moyen Age anglais.
Ce scénario qui fut très remanié par plusieurs scénaristes qui chacun ont échafaudé des épisodes par dessus ce qu'avait fait son prédécesseur, nuit à la clarté du film, il est trop touffu et part un peu dans tous les sens. Ridley passe sans ménagements d'un vaste complot politique à une peinture sincère de la misère et du quotidien des paysans anglais dans un XIIème siècle en ébullition. Tout est trop dilué dans trop de directions pour vraiment passionner, il y a dans tout ceci comme un côté inabouti. Même les scènes d'action sont peu spectaculaires et un peu négligées par Scott qui avait mieux réussi dans ce domaine avec Kingdom of heaven, la bataille du début avec le siège de Chalus est complètement bordélique, on n'y comprend rien.
Il manque indéniablement l'ampleur des grandes fresques historiques, le film se résume donc à une succession de quelques morceaux de bravoure et à quelques bons moments quand même. L'intérêt est donc ailleurs, dans sa nouvelle approche d'une histoire mille fois racontée, dans son casting prestigieux, avec un Russell Crowe qui peine hélas à retrouver un rôle aussi charismatique que celui de Maximus, son Robin est une sorte de grosse brute, un rustre sans finesse et peu sympathique, néanmoins il fait le job avec sa sobriété virile. De plus, pour s'approprier ce qui caractérise son personnage de Robin, il s'est entrainé pendant 4 mois à tirer à l'arc, on sent qu'il a une bonne maîtrise dans cette discipline. Cate Blanchett incarne comme je le disais une Marianne atypique et forte, un peu l'alter-ego féminin de Robin. Mark Strong campe un excellent méchant, et Max von Sydow est un vieillard malicieux... C'est aussi là que j'ai vraiment découvert Oscar Isaac en Prince Jean un peu fantasque.
Ridley Scott a donc rappelé pour la 5ème fois son interprète fétiche mais ça n'a hélas pas suffi, il n'a pas retrouvé le souffle épique formidable qu'il avait insufflé à son Gladiator, je le regrette d'autant plus que j'adore l'histoire de Robin des Bois et cette période historique de troubles entre la France et l'Angleterre, j'aurais tellement voulu qu'il livre une fresque réussie, mais c'est ainsi, un film moyen, limite bancal et brouillon...